She 'll be on her way back - Matteo

Depuis quelques jours, le poste de police était en deuil. Nous avions perdu un collègue, un supérieur, mais également un ami pour ma part : Robert Marshall. A mon arrivée ici à Sidebay, il y a quelques années maintenant, il m’avait vraiment été de bons conseils, et il n’avait pas hésité à me soutenir, m’épauler lorsque c’était difficile pour moi ici au tout début. Et depuis il avait toujours été d’un soutient sans failles. Cela faisait maintenant deux jours qu’une bonne partie des services lui avait rendu hommage à son enterrement. Et aujourd’hui, alors que je passais, comme presque tous les jours devant son bureau pour rejoindre mon service, je me rendis compte que ça faisait vide sans lui. Robert et moi on avait pris l’habitude de se voir une fois par semaine, boire un café et se raconter nos affaires en cours. Ça allait me manquer tout ça.

J’étais tiraillée entre la tristesse, mais aussi la joie. La joie, car avec Mattéo on avait décidé de franchir une étape : habiter ensemble. Matteo avait rappelé l’agent immobilier qui devait nous tenir au courant prochainement. Et aussi parce que j’avais été convoqué par le sergent plus tôt dans la journée, il m’avait annoncé ma nouvelle affectation, et bien sûr surprise j’en avais été ravie.  D’ailleurs je devais en parler à Mattéo.

Marchant dans un des couloirs, afin de me diriger vers le service de Mattéo, j’entrai dans les bureaux. C’était bien calme. « Salut » dis-je en m’approchant de lui. « Tu as cinq minutes ? Je voudrais te parler de quelque chose » . Mon ton n’était pas intriguant, je ne voulais pas lui faire peur. J’avais plutôt une bonne nouvelle à lui annoncer, le sergent voulait bien me redonner mon ancienne place ici dans ce service. Je voulais l’annoncer moi-même à Mattéo.

Après avoir salué Matteo, je lui avais demandé s’il avait cinq minutes afin que je puisse lui parler de quelque chose. Et apparemment il avait le temps, c’était donc une bonne chose. Je le suivis donc en salle de pause, je l’observais sortir deux tasses de cafés, et esquissai un léger sourire. Je n’avais même plus besoin de lui demander quoi que ce soit, Matteo se doutait déjà que je prendrai avec plaisir un café. C’est pour cela, que je ne protestai pas quand je le vis sortir une tasse qui m’était destinée, au contraire je n’allai pas dire non à un café.  Et alors que Matteo versait du café dans la première tasse, il me demanda si je n’avais pas changé d’avis pour la maison. « Non, bien sûr que non » dis-je en lui adressant un léger sourire. Si j’avais accepté la proposition de Matteo c’est que j’en avais envie et que je me sentais prête à le faire, alors dire non maintenant serait totalement contradictoire. Et puis je dois même avouer qu’au fond de moi j’avais hâte que Matteo m’annonce que l’agent immobilier l’avait rappelé pour cette maison justement. Je repris alors « En fait, j’ai été convoqué par le sergent plus tôt dans la journée et ça y est, il m’a affecté dans un autre service » Je décidai alors de laisser durer un peu le suspens, et d’en jouer un peu. Restant sérieuse je finis par dire « Et je voulais qu’on en parle tous les deux, car dans le fond je ne sais pas si c’est une bonne chose… » C'était complètement faux, mais ça Matteo n'allait pas tarder à le savoir.

J’avais quelque chose à dire à Matteo, une bonne nouvelle. Mais j’avais décidé de aisser le suspense s’installée et d’en jouer un peu. Alors j’avais dit à Matteo que le sergent m’avait donné une nouvelle affectation, mais que je voulais en parler avec lui car je ne savais pas si c’était une bonne idée. Alors Matteo me demanda tout de suite où est-ce que j’allais. Et il semblait intrigué par ce que je venais de dire. Il semblait un peu surpris que je veuille lui en parler. Et Matteo me redemanda où est-ce que j’allai, et si je restai dans le coin. « Oui oui je reste dans le coin, je reste même ici » dis-je en parlant du poste de police dans lequel on travaillait. « Seulement… » je jetai un bref regard en direction des bureaux afin de voir si quelqu’un arrivait ou non. Je posai ma tasse de café sur la table et fit de même avec la tasse de Matteo. Je m’approchai de lui, passant une main dans mes cheveux avant de poser mes mains sur son torse « Seulement le lieutenant qui dirige le service où je suis affectée est… terriblement séduisant, et je ne sais pas si je vais pouvoir lui résister très longtemps… » dis-je en levant les yeux vers Mattéo tout en me pinçant la lèvre inférieur afin de ne pas me trahir en souriant de trop, même si j’étais certaine qu’on pouvait percevoir un léger sourire sur mes lèvres. « Le lieutenant Stevens, tu connais ? » dis-je en souriant davantage cette fois-ci. Ca y est cette-fois c’était dit. Tout ceci n'avait été qu'une petite mise en scène pour annoncer la nouvelle à Matteo.

La petite mise en scène que je faisais «subir» à Matteo fonctionnait à merveille. Et une fois la nouvelle plus ou moins clairement annoncé, j’aperçois un air boudeur de dessiner sur le visage de Matteo alors qu’il me dit que je m’étais bien moqué de lui. A mon tour de faire une légère moue avec un petit air désolé « Excuses-moi mais c’était trop tentant… » Puis je sens la main de Matteo attraper la mienne avant de la lâcher quelques seconde plus tard pour venir me serrer contre lui. Je passe alors instinctivement mes bras autour de lui. Ce n’était qu’une légère étreinte après tout. Ravie de voir que la nouvelle était bien accueillie par Matteo je répondis sans plus attendre à sa question « Attends que je me souvienne de ce que m’a dit le sergent… » je fis donc mine de réfléchir deux ou trois secondes tout au plus « Si tout va bien et qu’aucune enquête importante ne commence… demain ! » Il est certain que si c'était encore le calme plat, il serait plus facile de changer de service aussi rapidement. Mais si une affaire urgente arrivait et qu'on avait besoin de moi encore là-bas il faudrait attendre quelques jours encore. Et quand Matteo me dit que je l’avais bien fait marcher et qu’il avait même faillit croire que j’avais été affecté au quatrième, je fis une légère grimace « Heureusement que ce n’est pas le cas. Travailler au quatrième ou avec Baker, je ne saurai pas dire ce qui est le pire entre les deux ». Ca montrait bien que la quatrième et bien personne ne voulait y aller. C’était comme recommencer sa carrière  zéro.

Je soupirai légèrement, mais de soulagement. « Tu ne peux pas savoir à quel point je suis soulagée, et heureuse de revenir travailler ici. Et de travailler de nouveau avec toi » Même si après cette grosse affaire, Baker c’était un peu calmé, son comportement hautain n’avait pas changé, tout comme ses ordres qu’il se faisait une joie de donner à répétition. Et j'étais surtout très impatiente.

J’ai bien conscience que j’aurai pu annoncer la nouvelle tout simplement à Matteo. Mais je ne sais trop pour quelle raison, peut-être cet enthousiasme qui s’était emparé de moi depuis que le sergent m’avait appris la nouvelle, et bien j’avais décidé d’en jouer un peu. Mais je n’avais pas fait durer le suspense trop longtemps car déjà pour moi c’était un peu comme un supplice de ne rien dire tout de suite, et de garder mon sérieux. Et pour ce qui est de la date de mon retour, je lui avais répondu sans plus attendre.

J’étais vraiment soulagée par cette nouvelle, mais aussi très impatiente. D’ailleurs peut-être que cela pouvait se percevoir. Mais que voulez-vous. Ça avait été difficile de changer de service, et ça avait été difficile de travailler dans le service de Baker. Alors maintenant que tout cela allait être terminé, j’étais… presque surexcitée, telle une enfant un matin de noël, ou la veille d’un départ en vacance. J’avouai alors à Matteo mon enthousiasme pour ce changement si soudain. Mais c’est ce qu’on voulait, non ? Etre à nouveau ensemble au travail. Et Matteo m’avoua que cette idée lui plaisait, qu’il trouvait ça génial de récupérer sa partenaire avant de prendre ma main dans la sienne. Je serrai doucement cette dernière. Après tout il n’y avait personne, et puis on ne faisait rien de mal. Et lorsque Matteo me dit qu’il espérait qu’il n’y aurait pas de contretemps, je lui fis gentiment signe de se taire comme si dire une telle chose allait nous porter malheur « Non, non, non … Il n’y aura pas de contre temps, je refuse d’y penser. Je crois que je n’ai jamais été aussi optimiste alors non il ne se passera rien » dis-je en souriant. Bon j’essayai peut-être de me convaincre dans le fond, mais ça serait dommage d’attendre encore quelques jours. Et oui j’étais optimiste, heureuse, et je débordais d’énergie. « C’est fou comme je peux déborder d’énergie depuis que j’ai appris cette nouvelle. D’ailleurs, si tu veux bien de moi, on pourrait aller courir ensemble ce soir ? » Ce n’était qu’une question. Normalement, Matteo y allait, à moins qu’il ait changé d’avis. Mais même avec ça, je crois que j’rai malgré tout faire une bonne séance de sport. Ça serait dommage de gaspiller cette énergie à ne rien faire.

Cette nouvelle m’avait vraiment enjouée, et j’avoue que cette enthousiasme était en train de se transformer en un trop plein d’énergie. Et comme je savais que Matteo allait faire sa séance de sport après le travail, j’avais proposé de venir avec lui. Apparemment il n’y voyait pas d’inconvénients vu la réponse qu’il me donna. Je pris alors une gorgée de café à mon tour, et lorsque ce dernier ma lâcha la main, je ne protestai pas. A vrai dire, j’aurai pu rester ainsi encore un peu plus longtemps, maintenant que le sergent était au courant pour nous deux, que nos collègues le sache ne me dérangeais pas. « D’accord, on se retient au courant » oui si jamais il y avait un imprévu ou même pour se mettre d’accord.

Je pris malgré tout le temps de prendre encore quelques gorgées de café, profitant par la même occasion de la présence de Matt. J’avais envie de lui demander des nouvelles concernant la maison, mais e me disais que si Matteo en aurait eu il me l’aurait déjà dit, non ? « Je ne vais pas trop trainer, ce n’est pas le moment de m’attirer les foudres de Baker… » dis-je en posant ma tasse, et en adressant un léger sourire à Matteo.

J’avais vraiment envie de me dépenser après le travail, et je commençais seulement à toucher terre depuis peu de temps. Alors c’était l’occasion ou jamais. Ça allait me permettre de me défouler un peu, et aussi de passer du temps avec Matteo. D’ailleurs ce dernier venait de me proposer de passer me prendre chez moi et d’aller courir plutôt en forêt, et ses arguments étaient convaincants après tout. « Oui bonne idée, ça me va parfaitement » Et puis je savais que Matteo connaissait des endroits sympas pour courir, alors je lui faisais confiance. Et lorsque Matteo ajouta que cela sous-entendait qu’il passe la nuit chez moi, je posai alors mon regard sur lui et vit son léger sourire. « Oh, et bien si ce n’est que ça, je serais ravie de te faire une place dans mon lit pour cette nuit » Je souris à mon tour, si Matteo passait la soirée et la nuit chez moi. Ça ne me dérangeait absolument pas.

Matteo se mit à parler de la maison. Il était impatient de recevoir l’appel de l’agence immobilière et je le comprenais. Et oui, une fois dans cette maison, plus aucuns soucis de savoir si c’est Matt qui dort chez moi ou inversement. Plus de problème de logistique. Et Matteo ajouta même que pour courir ça serait encore plus simple, pas besoin de voiture, juste à se rendre sur la plage. Je souris plongeant mon regard dans celui de Matteo en faisant une légère moue« Huum… Ça donne envie d’y être déjà » Et c’était vraiment le cas. Le soupire de Matteo traduisait vraiment son impatience, vis-à-vis de tout cela. Et je le comprenais parfaitement. Je posai alors une main délicate sur son bras « Ca me tarde aussi tu sais.. » Même si une fois la réponse obtenue i y aurait pas mal de chose à faire, au moins la réponse serait déjà une étape de passée.

Je ne pouvais malheureusement pas m’éterniser. Et Matteo semblait le comprendre. Après une dernière gorgée de café, je déposai ma tasse. Et vérifiant que personne n’arrivait je déposai un doux baiser sur les lèvres de Matteo avant de reculer légèrement « A tout à l’heure » dis-je en lui adressant un dernier sourire.