I don't forget - Mattéo

Deux choix s’offraient à nous : soit nous prenions le risque de continuer la filature et de nous faire repérer ou alors nous pouvions rentrer aux bureaux été commencer à travailler sur les pistes que nous avions eu. Je ne voulais pas avoir une remarque disant que j’en faisais qu’à ma tête où je ne sais quoi alors j’avais demandé à Mattéo ce qu’il voulait faire. Il voulait continuer. Je mis alors la voiture en marche et démarrai.

Je roulai alors toujours à une certaine distance derrière la voiture, la circulation était assez fluide et heureusement d’ailleurs sinon ça serait vraiment un casse-tête. Nous roulions une quinzaine de minutes et la voiture des suspects s’arrêta sur le long d’un trottoir. Je ralentissais et m’arrêtai également à quelques mètres. Qu’attendaient-ils ? Cela commençait à être long et agaçant. Mais cinq bonnes minutes plus tard ils finirent par sortir et se mirent au coin de la rue. Un jeune homme arriva alors, et les trois hommes procédèrent à un échange, une dose contre une grosse enveloppe, pleine de billets je suppose. « Si ça ce n’est pas du flag… » Commentai-je tout en observant la scène qui se déroulait devant nous.

Ce que j’aimais dans ce métier c’est que les efforts paient souvent. Et c’était le cas aujourd’hui. Ce n’était pas amusant de rester en planque dans une voiture loin de là, mais au final on venait d’assister à un deal en flag. C’était une preuve essentielle pour l’affaire. Avec ça, l’enquête allait pouvoir avancer. Mattéo semblait satisfait des clichés qu’il avait pu prendre. Et annonça alors qu’on pouvait rentrer, qu’on avait tout ce qu’il fallait. Je me remis alors en route « à vos ordres, lieutenant » Ben quoi ? Il avait bien faire comprendre qu’il était lieutenant, non ?

Le chemin du retour se fit normalement, une fois arrivée et garée, je pris mon café et ma barre de céréale que je n’avais pas mangé finalement. Lorsque Mattéo sortit du véhicule je fermai ce dernier à clé, je commençai alors à marcher, j’allais ranger les clés dans ma poche, mais j’interpellai Mattéo « Hey ! » J’attendis que ce dernier se retourne et je lui lançai les clés doucement. Il vouait conduire, non ? Alors le voilà maitre du véhicule et en possession des clés. Je repris ensuite le chemin des bureaux en saluant quelques collègues au passage.

« A quoi tu joues Hamilton ? » Ben quoi ? Tout à l’heure il m’avait bien fait comprendre qu’il était plus gradé que moi. I devrait être fière que je l’appelle ainsi, non ? Une fois rentrée, j’avais alors donné les clés de voiture à Mattéo. Tout à l’heure il avait clairement dit que la prochaine fois il voulait conduire, et pour cela il avait besoin des clés si je ne m’abuse, non ? Alors voilà maintenant il les avait. Mais je fus soudainement stoppé ans ma marche par une main emprisonnant mon bras. Je me retournais, c’était Mattéo. « Qu’est-ce qui te prends !? » dis-je surprise . Mattéo me dit alors qu’on avait un problème et qu’on devait, qu’on allait le régler que je le veuille ou non. Et que ça serait certainement plus tard, vu que la priorité la tout de suite c’était le boulot. « On verra » répondis-je alors qu’il me lâchait e bras. Non mais c’est lui qui ne sait pas ce qu’il veut c’est tout.

Je laissai Mattéo aller au labo afin de déposer le matériel, quant à moi je pris la direction des bureaux. Une fois aux bureaux, j’ôtai ma veste et la déposais sur le dossier de mon fauteuil. Je jetai ensuite un œil sur mon portable, j’avais deux messages, je levai légèrement les yeux au ciel en voyant le destinataire : Sam. Ce n’était pas vraiment mon petit mai, il n’y avait rien d’officiel, disons qu’on s’était fréquenté quelques fois mais on n’était pas vraiment sur la même longueur d’onde, enfin bref c’était compliqué. Je rangeai mon portable et discutait quelques minutes avec un collègue qui était de passage. Il fallait maintenant attendre que les photos soient développées.

Alors maintenant Mattéo voulait qu’on parle, qu’on s’explique. Alors qu’il y a encore quelques heures il faisait semblant de ne pas me reconnaitre, elle est où la logique dans cette histoire ? Il ne comprenait peut être pas mon comportement, mais je ne comprenais pas le sien non plus. Sérieusement quand on m’a dit que j’allais changer de partenaire, je n’avais pas imaginé que ça se passe ainsi.

Le temps que les photos soient développées, j’étais donc retourné à mon bureau. Ca faisait du bien de ne plus être assise, cloitrée dans une voiture. Ce n’est que trente minutes plus tard que Mattéo refit son apparition avec les photographies. Et ce dernier se dirigea directement vers le bureau du sergent sans même me regarder ou alors me parler des photos. Bon j’avais vu aussi bien que lui la scène alors je me doutais à quoi ressemblaient les photos mais tout de même. Que devais-je faire ? Le rejoindre dans le bureau ou pas ? Finalement, je décidai de rester à mon bureau. De toute façon, le sergent allait vouloir analyser ses photos avant de donner une autre directive.
Je me levai ensuite et me dirigeai dans une salle à côté pour me prendre une tasse de café. C’était déjà mon troisième de la matinée, fallait peut être que je stoppe. Bon après celui-là promis j’arrête.

J’étais une véritable accroc au café, je ne pouvais pas le nier. Alors à peine terminé mon cappuccino, je m’étais dirigé vers la salle de repos si on peut dire, afin de me prendre une tasse de café. Et alors que je venais de reposer la cafetière, et que je prenais une première gorgée de mon café, Mattéo entra dans la pièce et me dit que l’on devait à présent trouver l’identité du second homme « Ca marche » dis-je d’un ton neutre. Bon et bien ça promettait quelques heures de recherches tout cela, à moins que l’individu soit déjà fiché et là on aurait beaucoup de chance.

Apparemment Mattéo lui aussi voulait un café puisqu’il me demanda si nous avions chacun notre tasse ou si on prenait celle qu’on voulait, je haussai alors légèrement les épaules et répondis « Pas vraiment, généralement on prend la première qui nous passe sous la main » J’ouvris alors la porte de placard où était rangé les tasses. Il n’y avait pas vraiment de tasses attitrés, bon moi je prenais toujours la bleue, ne me demandez pas pourquoi, peut-être parce que c’est une couleur qui me plait. Mais sinon, tout le monde se servait comme il voulait.

Mattéo me remercia lorsque je lui avais ouvert la porte du placard afin de lui montrer où se trouvaient les tasses. Tiens, il était plus poli que tout à l’heure on dirait. Et il me demanda alors si notre café était bon. Je fus un peu surprise par sa question, pourquoi il ne serait pas bon ? On sait quand même faire du café, non ? J’avais envie de répondre quelque chose de mesquin mais je me retins, je n’avais pas envie qu’il refasse un commentaire encore comme lorsque nous étions rentrés tout à l’heure. « Si ce n’était pas le cas, je n’en prendrais pas » dis-je tout simplement. Ce qui voulait dire aussi que oui il était bon.

Puis Mattéo se remit alors à parler que sa manière d’agir ce matin n’était pas contre moi mais qu’il avait pensé que c’était plus simple de ne pas reparler du passé. Il avait en parler jusqu’à quand ? Je pris alors une gorgée de café, là n’était pas vraiment le problème, qu’il fasse comme si de rien n’était m’avait certes un peu vexé, mais ce que je n’avais pas aimé c’est sa façon de me répéter que lui était lieutenant, de m’avoir comparé involontairement ou non à un chauffeur alors que j’étais flic tout comme lui. « Stop. C’est bon tu n’as pas à te justifier. » dis-je peut être un peu sèchement, du coup pour me rattraper je lui adressai un léger sourire, comme pour faire semblant que tout allait bien « Tout est okay » Bon sauf si il continuai à me rappeler continuellement que lui était lieutenant, et à faire des remarques comme celles de ce matin. . Et je me doutais bien que de toute façon des femmes il en avait eu bien d’autres, et que je n’avais été qu’un flirt comme un autre. C’est juste qu’au lieu d’en rire, il avait voulu ignorer tout ça. Je n’avais pas trop compris pourquoi, mais c’était son choix.

Après la remarquer de Mattéo, j’avais dit à ce dernier qu’il n’avait pas à se justifier et que tout allait bien. Je n’allais pas non plus faire toute une histoire juste parce qu’il a fait semblant de ne pas me reconnaitre, c’était son choix après tout. Et là Mattéo s’excusa s’il avait dit ou fait quelque chose qui ne m’avait pas plu. Je fus surprise, je ne pensais pas qu’il serait du genre à s’excuser. Et il continua alors sur sa lancée en disant que ce n’était pas son but de mettre sa partenaire à dos. Mattéo avait raison, quand on est partenaire c’est essentiel de bien s’entendre et de pouvoir se faire confiance. Mon coéquipier proposa alors de faire la paix. Bon c’était un bien grand mot on n’était pas en guerre non plus, mais l’idée était là. Je posai alors mon regard sur Mattéo, et acquiesçai en silence avant de dire « ça marche » dis-je en esquissant un léger sourire.

J’en profitai aussi pour ajouter quelque chose, « et pour ce matin, je ne voulais pas t’empêcher de conduire, c’est juste qu’avec mon ancien coéquipier c’est toujours moi qui prenait le volant, alors c’est automatique pour moi. Il n’y avait rien contre toi…» Oui autant mettre les choses au clair sur ça aussi. Vous savez c’est quoi le plus frustrant dans l’histoire ? C’est que Mattéo était encore plus séduisant que dans mes souvenirs.

Mattéo avait commencé à mettre les choses au clair entre nous, alors du coup j’en avais un peu profité pour faire la même chose. Disons que pour moi ce matin c’était une journée comme les autres, alors j’avais fait comme à mon habitude. Sauf qu’aujourd’hui j’avais changé de partenaire alors du coup mes petites habitudes ont été mal vues. Mattéo semblait alors comprendre et me dit de lui demander la prochaine fois. « Si tu veux conduire fais-le, ce n’est pas ça qui va m’empêcher de faire mon boulot correctement » dis-je en esquissant un sourire. Oui et puis je me voyais mal tous les matins me mettre d’accord avec lui sur qui conduirait ou pas. Il était lieutenant alors s’il voulait conduire, pas de problèmes pour moi.

Je me demandais en même temps pourquoi il avait fallu qu’on soit dans la même équipe et partenaire ? Je ne peux pas cacher le fait que Mattéo est très séduisant et que si il me plaisait déjà au lycée et il me plaisait encore, mais en étant collègue difficile de voir notre relation autre que de l’amitié. « Je… je vais me remettre au travail » oui car je n’avais pas l’intention de rester ici toute la soirée non plus. J’aimais mon boulot c’est certain, mais faire des heures sup’ c’est jamais amusant.

Mattéo s’excusa aussi de m’avoir agité son grade sous le nez, ce qui me fit légèrement sourire « c’est rien, ne t’en fais pas » A vrai dire je l’avais mal pris, pas parce que j’étais jalouse. Mais par ce qu’il y a quelques mois, une occasion s’était présenté à moi de passer le grade de lieutenant. Avec l’appui du sergent qui était plus que satisfait de mon travail ici. Nous avons été plusieurs à tenter notre chance, j’avais réussi la première épreuve haut la main, malheureusement pour moi je n’avais pas pu passer la suite des épreuves ayant été légèrement blessé lors d’une interpellation. Le médecin ne m’avait pas alors jugé apte à passer l’ultime épreuve sportive. Du coup le post m’est passé sous le nez. Et je devais maintenant attendre qu’une autre occasion se présente. Et ce n’était pas demain la veille. Mais cela Mattéo ne le savait pas, à moi qu'un autre collègue lui en parle, mais ce n'est pas moi qui allait lui en parler

Mattéo ajouta alors qu’il ne savait pas, du moins à l’époque, que je voulais devenir flic. Sa remarque me fit sourire. « Oui, ça m’est venu comme ça en fait. On pourra en reparler à l’occasion si tu veux » ce n’est pas que je ne voulais pas parler, mais on avait tout de même du boulot.
Je m’étais donc remis au travail, on avait bien avancé ce matin avec cette filature, ça serait dommage de rester bloqué arrivé là.  Mattéo me suivit alors à mon bureau, et je lançai alors la recherche sur l’ordinateur.

Une fois installée à mon bureau, je mis la recherche en route sur l’ordinateur. Mattéo était alors venu près de moi, et à cette distance je pouvais sentir une très agréable, parfum ou après rasage je ne savais pas vraiment, tout ce que je pouvais dire ou du moins penser c’est que ça sentait divinement bon. Mattéo me demanda ensuite si ça tête me disait quelque chose, je regardai alors une nouvelle fois « non, du tout… Pourquoi ? Tu l’as déjà vu quelque part ? » Si il me demandait c’est qu’il y avait forcément une raison, non ?

Par la suite Mattéo déclara que j’avais raison à propos du café, j’esquissai un sourire « évidement que j’avais raison, tu en doutais !? » dis-je amusée. Je n’avais pas dit que le café était bon juste pour le contredire ou je ne sais quoi, si je l’avais dit c’est que je le pensais.

Bon le temps passait et les recherches ne donnaient toujours rien, ça commençait à être long. Cette affaire allait finalement se régler sur plusieurs jours, j’en avais l’impression.

Les impressions de déjà vu, de connaitre une personne inconnue, ça arrive à tout le monde. Et apparemment c’était le cas actuellement pour Mattéo. S’il avait cette intuition, il devait bien y avoir une raison. En tout cas, pour le moment la recherche ne donnait pas grand-chose, alors mon collègue retourna à son bureau. Je restai alors à mon bureau, m’occupant comme je pouvais.

Le temps passait et toujours rien. Je vis ensuite Mattéo se lever et se diriger vers moi je le suivais alors du regard, je me doutais qu’il venait me dire quelque chose. Oui je m’en doutais, mais je ne me doutais absolument pas qu’il venait pour m’inviter boire un verre après le service. Et je ne pus m’empêcher de rire légèrement lorsque ce dernier ajouta que c’était en tout bien tout honneur. « Avec plaisir » répondis-je . Puis je regardai alors Mattéo et ajoutai « tu vois que tu me fais rire… » , oui petit rappel avec ce qu’il avait dit ce matin, il avait prétexté qu’il ne m’avais jamais amusé. La preuve, c’est faux. Aller voire un verre ne me ferais certainement pas de mal après tout, et puis pourquoi j’aurai refusé ? Mattéo devait sans doute être de bonne compagnie en dehors du travail également.

Mattéo avait proposé qu’on aille boire un verre après le boulot, et j’avais accepté. Pour quelle raison aurai-je refusé ? A cause de Sam ? On était pas non plus officiellement ensemble, c’était une relation assez étrange et je ne voulais qu’une chose arrêter qu’on se voit, chose difficile à faire avec lui vous pouvez me croire. Je ne sais pas pourquoi mais il semblait quand même surpris de ma réponse. Nos regards se croisèrent ensuite, et j’avoue qu’il avait un regard assez déstabilisant, le même regard qui m’avait fait craqué des années auparavant. Je tournai alors la tête pour me reconcentrer sur ce que je faisais. Je pris ensuite ma tasse vide, et allait la déposer dans la salle café comme je l’appelais. J’avais assez de caféine pour aujourd’hui, je savais quand même dire stop de temps en temps.

La journée se terminait pour nous, la recherche n’avait encore rien donné, mais on ne lâchait rien pour le moment. Le sergent nous donna alors la permission, ou l’ordre, non c’était plus un ordre en fait, de rentrer chez nous en nous disant tout de même qu’on avait fait du bon boulot pour aujourd’hui. Après quelques « salut, bonne soirée » je rejoignis les vestiaires afin de reprendre quelques affaires à moi.