To take another breathe - Cassia

Selon Matteo je ne donnais pas l’impression de vouloir récupérer cette vie d’avant, ma vie, notre vie. Et pourtant ! Après l’accident, j’avais attendu, j’avais essayé de reprendre cette vie mais il y avait eu une distance entre Matteo et moi.  Et d’ailleurs, Matteo s’expliqua, me disant que cette distance il l’avait mise par respect pour moi. J’écoutai donc attentivement ses explications, ses arguments « Mais je ne t’ai pas demandé de m’embrasser, ou même plus. Mais juste de rester proche malgré tout. On a fait chambre à part, parfois on ne dinait même pas en même temps. Qu’est-ce que j’ai ressenti d’après toi ? J’avais l’impression de ne pas être à ma place, de déranger et de te faire du mal ! J'avais l'impression que tu me fuyais sans le vouloir...» Il m’avait donné son ressenti, et bien à moi de lui donner le mien maintenant. « Et tu n’es pas un inconnu, arrête. Je t’ai reconnu, tout de suite après l’accident. Ce n’est pas comme si je ne te connaissais pas du tout » Puis je repris ensuite quand il vint me dire que la situation était bizarre, sans oublier que mes souvenirs de nous remontait au lycée « Oui, oui les seuls souvenirs que j’ai de nous datent du lycée, mais je n’y peux rien ! Tu crois que je me sens bien depuis cet accident ? Tous les jours, je me dis que j’ai perdu ma vie à cause d’un imbécile qui a voulu s’amuser à déclencher une alarme incendie dans une boite remplie de monde ! Tous les jours je regrette d’être sorti avec mes amies ce soir là ! » Oh que oui je regrettais cela tous les jours.

Mais ce que Cassia ne comprenait pas c'est que c'était quelque chose de naturel pour lui, l'embrasser, la prendre dans ses bras. Toute la journée ils bossaient ensemble en gardant cette distance alors le soir quand ils étaient chez eux, tout était naturel, jamais forcé et ça venait facilement, un geste, un regard et ils étaient l'un contre l'autre. Bien entendu leur relation n'était pas que physique mais disons que certains petits gestes étaient devenu comme une habitude, ils n'y faisaient plus attention ni l'un ni l'autre, ça se faisait et puis c'est tout. Alors quand il avait voulu prendre ses distances c'était pour éviter ça justement, éviter de la mettre mal à l'aise, de faire un geste qu'il n'aurait pas du ou qu'elle aurait mal perçu. Matteo regrettait maintenant qu'ils s'expliquaient mais c'était fait et ils ne pouvaient plus revenir en arrière. "- Alors je suis désolé..." qu'est ce qu'il pouvait dire de plus ? rien, c'était fait et c'était trop tard pour revenir en arrière. "- Entre le fait de me connaitre et te retrouver dans le même lit que moi y'a quand même un monde Cassy..." pourquoi il continuait à l'appeler Cassy ? il le savait qu'il n'en avait plus le droit, ils n'étaient plus proches du tout et ça c'était réservé aux personnes proches. Seulement, c'était comme les caresses et les baisers, c'était devenu naturel pour lui et il allait falloir qu'il fasse attention à ça.
Matteo se sentait mal, entre l'alcool qu'il venait de boire et le départ de Jaffa plus ces explications entre eux, il avait l'impression qu'il allait craquer et qu'il ne pourrait rien contrôler. Matteo avait du mal à lui faire face et à la regarder surtout après ce qu'elle ajouta. Lui aussi regrettait, il regrettait vraiment qu'ils en soient arrivé là. "- Je suis désolé.. pour ce qui t'es arrivé.. pour ce qui nous est arrivé... désolé si j'suis en partie responsable de tout ça, mais c'est fait maintenant..." Matteo pinça légèrement les lèvres, comme s'il était contrarié et il baissa les yeux, ne pouvant plus lui faire face.

Je ne sais pas trop comment on en était arrivé là, à se faire presque des reproches. Non en fait c’était bel et bien des reproches que l’on se faisait là. Mais ça me faisait tellement mal quand Matteo insinuait que je ne voulais pas récupérer ma vie d’avant, ni même essayer de le faire, alors que c’était faux. Mais après l’accident, oui j’avais eu la sensation de ne pas être à ma place, de lui faire du mal sans le vouloir. Alors Matteo s’excusa. Mais ce n’était pas ça que je voulais. Et il n’avait sans doute pas fait exprès de toute manière. Mais Matteo ajouta quand même qu’entre le fait de le connaitre et de me retrouver dans le même lit que lui il y avait un monde. Il n’avait pas tort, mais je n’avais pas non plus demandé d’être dans son lit, ou inversement. On n’avait pas su doser, on n’avait pas su d’y faire. Ni lui, ni moi.

Et puis cet accident je ne l’avais pas voulu, j’étais même en colère contre le monde entier pour ce qu’il m’était arrivé. Puis Matteo s’excusa, une nouvelle fois. Pour l’accident, pour ce qui nous était arrivé. « Tu n’es en rien responsable… » non c’était moi qui était sortie. « C’est fait maintenant… » dis-je en fronçant légèrement les sourcils. Alors quoi c’est tout ce qu’il avait à dire ? C’est comme ça qu’il voyait les choses. Là on avait plus l’impression que c’était Matteo qui ne souhaitait pas arranger ou changer les choses. Pas moi. « C'est tout ce que tu as à dire ? C'est fait maintenant ? Et après tu oses dire que c'est moi qui ne donne pas l'impression de vouloir retrouver ma vie d'avant. Ouvres les yeux, c'est plutôt toi...» dis-je en posant mon regard sur lui, un regard avec beaucoup de peine et de tristesse.

A croire que Cassia prenait un malin plaisir à déformer chaque parole que prononçait Matteo. Si elle se souvenait à quel point c'était difficile pour lui de s'exprimer à ce sujet peu être qu'elle ferait plus attention et arrêterait de le reprendre à chaque phrase s'il disait. Ce n'était pas ce qu'il voulait dire, il voulait juste dire que tout ceci était fait et qu'il était impossible de revenir en arrière de changer ça. Que ce qu'ils avaient mal fait et bien ça resterait ainsi, c'était tout il ne voulait pas dire autre chose, mais visiblement elle refusait de comprendre. Et ça peina beaucoup Matteo qui leva les yeux vers elle et bougea la tête nerveusement comme pour dire non, c'est pas vrai. "- Arrête de déformer tout ce que je dis tu veux ! j'ai jamais voulu ça, jamais..." et cette fois-ci Matteo baissa les yeux et se mit à marcher en direction de la terrasse, comme il l'avait fait l'autre fois quand elle avait décidé de partir. Il avait à nouveau besoin d'air et surtout il n'en pouvait plus là. Tous les reproches qu'ils se faisaient l'un l'autre, c'était comme une dispute de couple mais sans le couple. C'était n'importe quoi et ça avait commencé à cause de quoi déjà ? Matteo n'était même plus capable de le dire.

Matteo m’avait clairement dit que je ne donnais pas l’impression de vouloir récupérer ma vie d’avant. Or, j’avais l’impression que c’était le contraire. Enfin je ne sais pas, tout se mélangeait dans ma tête. Je ne savais plus du tout où est-ce que j’en étais et c’était assez déstabilisant. Et puis Matteo ne semblait pas d’accord, et me demanda d’arrêter de déformer tout ce qu’il disait. Quoi, réellement ? Alors qu’est-ce qu’il voulait dire exactement ? Mais Matteo ne dit rien de plus, il se contenta de détourner le regard en baissant la tête et de marcher en direction de la porte fenêtre qui menait à la terrasse. Mais que faisait-il ? J’avais comme un sentiment de déjà vu là. Alors je le suivis, faisant quelques pas, je le rattrapai, et posai ma main sur son bras délicatement quand même pour le faire s’arrêter « Où vas-tu ? » je pose alors mon regard sur lui « Alors quoi, la discussion est terminée ? » oui il s’en allait, est-ce que ça voulait dire qu’il ne voulait plus parler ? C’était pas évident à suivre.

Cassia ne se souvenait pas des réactions que pouvait avoir Matteo quand la discussion allait trop loin ou que ça le dépensait et cela se voyait à la manière dont elle réagit. Matteo s'arrêta quand elle la main sur lui et répondit à sa question "- Prendre l'air...j'ai besoin de prendre l'air." on sentait la lassitude dans sa voix mais pas que ça, on sentait aussi toute la peine qu'il pouvait ressentir là avec ce qu'ils venaient de se dire. C'était dur de faire face et de faire comme si de rien n'était alors que dans le fond il était toucher par tout ce qui se passait tout ce qu'ils pouvaient se dire.
Et à ce qu'elle ajouta il leva les yeux vers elle, les planta même dans les siens alors que son regard était triste et que ses yeux étaient vraiment brillants, comme s'il était à deux doigts de craquer. "- Oui, elle est terminée. On se fait des reproches pour quelque chose qui est passé, qu'on pourra plus changer alors à quoi bon...ce qui est fait est fait on ne pourra jamais revenir en arrière..." peu être tout simplement pour se libérer mais cette libération était douloureuse et les choses étaient déjà bien assez douloureuses depuis l'accident de Cassia. Alors peu être qu'ils devraient laisser tomber et aller de l'avant, tous les deux, chacun de leur côté sans plus chercher plus loin.

La discussion avait un peu dérivé, et on avait même un peu haussé le ton. Mais c’était redescendu aussi vite que c’était monté finalement. Mais Matteo prit la direction de la terrasse. Que faisait-il exactement ? Alors je lui avais demandé où il allait et surtout si la conversation était terminée. Car normalement on ne part pas comme ça si ce n’est pas le cas. Il allait prendre l’air car il en avait besoin. Bon d’accord je pouvais comprendre mais on était quand même en train de discuter là. Mais apparemment la conversation était terminée, c’est ce que venait de dire Matteo en tout cas. Et ce qu’il dit me fit de la peine, surtout que je voyais bien cette tristesse dans son regard, son si beau regard. « Tu as raison, faire des reproches ne sert à rien… » oui là j’étais d’accord avec lui. Je passai alors une main dans mes cheveux, « Je vais te laisser, il faut que je rentre…Je te tiendrai au courant pour les meubles et tout ça… » dis-je simplement avec une once de lassitude dans ma voix. Ce n’est pas comme ça que j’avais imaginé que la discussion se termine. Mais c’était comme ça.

Matteo ne voulait plus de reproches, c'était trop dur surtout maintenant alors que le seul lien qui leur restait encore venait de partir. Ils n'avaient plus rien en commun mise à part leur travail et si ça se trouve d'ici peu ce ne serait plus le cas. C'était tellement difficile comme situation que Matteo se demandait s'il n'allait pas demander sa mutation. Faire comme si tout allait bien alors qu'en réalité il était totalement ravagé à l'intérieur. Cette rupture lui était tombé dessus tel un couperet et il n'avait pas vraiment eu l'occasion de s'y préparer non plus. Même si pendant cette période où il s'était éloigné il s'en était un peu douté, jamais il n'aurait pensé que ça finirait ainsi.
Il voulait avoir tors, il voulait qu'elle lui dise qu'ils devaient malgré tout continuer à discuter, il voulait qu'elle lui dise qu'elle avait envie d'arranger la situation, il voulait entendre ça mais elle ne dit rien de tout ça. Si bien que la déception pouvait se lire sur le visage de Matteo quand elle lui donna raison et qu'elle ajouta même qu'elle allait s'en aller.

Il allait être seul, c'est comme ça que ça devait finir ? Matteo devait se retrouver seul dans cette immense baraque pleine de souvenirs d'eux... rien que cette idée lui brisait à nouveau le coeur. Si bien qu'à se qu'elle ajouta il répondit simplement "- je m'en contre fou des meubles et de tout ça..." mais ce n'était pas forcément dit pour être entendu et il ne savait pas si elle l'avait entendu ou non, mais ce soir il était déçu, terriblement déçu et n'avait plus envie de rien. Qu'elle fasse ce qu'elle voulait, de toute façon ça ne serait jamais ce qu'il espérait alors après tout qu'elle vive sa vie. comme elle l'entend. Et puis y'avait peu être aussi l'alcool qui le faisait parlé de cette façon, mais ce qu'il aurait voulu lui c'est qu'elle reste, qu'elle lui prouve qu'il s'était trompé, qu'il avait mal agit, qu'elle comptait vraiment récupérer cette vie dont elle avait parlé, mais il savait bien qu'il rêvait éveiller et que jamais cela ne se produirait. Et il était tellement peur de mal faire qu'il n'osait absolument rien de son côté, essayer pour se faire envoyer sur les roses, il n'en avait pas envie.

Faire des reproches ne servait à rien. Surtout que c’était passé, et on ne pouvait pas revenir en arrière. Si c’était le cas, je reviendrai le soir de cet accident, et je ne serais pas sortie, mais je serais resté à la maison. Et cet accident n’aurait pas eu lieu. Bref, je n’allai pas m’éterniser ici, surtout que la conversation n’était plus trop agréable. Matteo semblait être à fleur de peau, et je l’étais aussi. Alors ne voulant pas le déranger, et ne voulant pas empirer la chose j’avais dit à Matteo que j’allai le laisser et que je le tiendrai au courant pour les meubles. Puisque c’était la seconde fois qu’il m’en parlait. Mais ce qu’il me répondit me surpris. Il s’en fichait ? Alors pourquoi m’en parler ? Je laissai alors échapper un long soupire « Matt… Qu’est-ce que tu veux au juste ? C’est toi qui me parle de ces meubles pour la seconde fois et là maintenant tu t’en fiches… » Je posai mon regard sur lui, m’approchant légèrement « Je ne sais pas quoi faire. Si je dois rester, si je dois partir…si je dois encre te parler ou non…Il faut que tu m’aides, que tu me dise ce qu’il faut qu’on fasse » Oui j'avais besoin de savoir. Voulait-il que je m'éloigne ? Que l'on cotninue à se parler malgré tout ? Qu'on garde des distances ?

Matteo ne savait plus ce qu'il voulait exactement et sur le coup, l'histoire des meubles il s'en foutait royalement. Il allait se retrouver seul aussitôt qu'elle aurait passé cette porte et cette pensée le ravageait de l'intérieur. Et ce qu'elle lui dit ne l'aida pas non plus. Elle voulait qu'il lui dise ce qu'elle devait faire, mais lui n'avait pas à lui dicter sa conduite et encore moins à lui donner des ordres, elle faisait ce qu'elle voulait, comme elle en avait envie. Il n'avait plus son mot à dire et c'était bien ça le plus difficile dans l'histoire. Quoi répondre à ça ? "- Ce n'est pas à moi de te dire ce que tu dois faire Cassia..." c'était difficile rien que de dire Cassia alors qu'il avait tellement l'habitude de lui donner ce petit surnom. "- Ce que je veux ça compte pas.." ça ne comptait plus depuis le jour où elle avait décidé de partir sans leur laisser une seule chance de rattraper le coup, sans laisser à Matteo la possibilité de faire ce qu'il n'avait pas osé faire avant par respect pour elle. Il allait pas la supplier de rester, de revenir, de leur laisser une chance, il l'avait déjà fait en partie l'autre fois quand il était malade et ça n'avait pas fonctionner, alors Matteo ne voulait plus de ça. Il avait sa fierté, sans doute mal placée, mais il est clair qu'il ne lui demanderait pas à nouveau de revenir, de changer d'avis et de leur laisser une chance, c'était trop tard pour ça. Par contre cela n'empêchait pas qu'à ce moment précis c'était de ça dont il avait envie. "- Alors fait ce que tu veux..." puis il soupira, passant nerveusement ses mains sur son visage pour essayer de calmer cette sensation qu'il avait parce qu'il sentait bien qu'il était à fleur de peau.

Oui j’avais besoin d’aide, de l’aide de Matteo. Car je ne savais vraiment pas comment agir. Devais-je rester, continuer à lui parler ? Ou devions nous garder nos distances une bonne fois pour toute ? J’avais besoin de savoir, qu’il me dise. Car je ne savais pas comment agir. Et c’était bien la première fois que je ressentais une telle chose. Et Matteo vint me dire que ce n’était pas à lui de me dire ce que je devais faire « Mais je ne t’ai pas dit ça, je te demande juste de me guider, de m’aider… » Oui à croire qu’à plus la conversation avançait à moins on se comprenait. « Bien sûr que si ça compte » comment pouvait-il penser et dire cela ?

Faire ce que je voulais ? Non il ne valait mieux pas. Qu'est-ce qu'on devait faire ? C'était si difficile de prendre une décision. « Dis moi juste si ... si tu veux qu'on essaie de continuer à se voir, à se parler... Ou si tu préfères qu'on garde nos distances »Essayer d'arranger les choses donc ou bien d'abandonner.

Comment pouvait t'il l'aider ou la guider alors qu'il était incapable de lui même de faire le tri dans ce qu'il ressentait en général. On voyait bien qu'elle ne se souvenait de rien, combien de fois elle lui avait reproché de fuir au lieu de faire face, alors ce soir lui demander de l'aide c'était peine perdue. D'ailleurs Matteo fit une légère moue à ce qu'elle dit, preuve qu'il voyait bien qu'elle n'avait toujours aucun souvenir et même ça devenait lourd à vivre et à gérer au quotidien. Qu'est ce qu'il pouvait bien lui répondre ? pas grand chose étant lui même perdu entre tellement de sensations et d'envies. Ce qu'il voulait, ce qu'il espérait, tout ça ça ne comptait pas étant donné que ça allait à l'encontre de leur relation, de ce qu'ils étaient maintenant.

"- Qu'on soit amis, c'est ça que tu veux dire ?" Matteo n'avait même pas envie d'être son ami alors qu'il avait été tellement plus à une époque. Pourquoi c'était si dur à vivre cette rupture ? Des amis Matteo en a plein et il n'a pas envie d'être ami avec elle si c'est pour un jour la voir heureuse avec un autre. Ca c'est trop lui demander, ça l'était déjà il y a quelques semaines et ça n'a pas changé depuis. Bosser avec elle c'était déjà bien assez difficile à gérer alors il ne fallait pas lui en demander plus. "- Ce que je voudrais, ce que j'aimerais, ce que je ressent tout ça, ça ne compte plus depuis le jour où tu as eu ton accident..." il ne voulait pas lui faire à nouveau des reproches mais il voulait qu'elle comprenne que ce qu'elle lui demandait pour le moment ce n'était pas possible. Il ne pouvait pas l'aider, il ne pouvait pas la guider, parce que s'il le faisait ce serait forcément dans une direction qui lui conviendrait lui et pas elle.

Je ne pouvais pas, je ne voulais pas partir sans savoir un minimum où est-ce que nous en étions. La situation était trop délicate pour que l’on puisse continuer comme ça sans rien se dire, sans se dire réellement les choses. Et les réponses de Matteo ne m’aidaient pas à savoir, à comprendre ce qu’il en était exactement. C’est pour cela que je lui avais demandé. Matteo me demanda alors si je voulais qu’on soit amis. Etait-ce vraiment ce que je voulais ? Je haussai tout simplement les épaules. Je ne pouvais pas dire oui, je ne pouvais pas dire non. « Je ne sais pas… oui peut-être… » Puis Matteo ajouta tout simplement que ce qu’il voudrait, ce qu’il aimerait n’avait plus d’importance depuis le jour où j’avais eu cet accident. Et voilà on en revenait toujours à la même chose. A croire qu’on tournait en rond. « Je t'en demande trop, je suis désolé » oui je devais trop lui en demander. Je n'étais pas bien, mais lui non plus. Il ne fallait pas l'oublier. « Je ferais mieux d'y aller je pense » oui c'était sans doute mieux. J'avais l'impression qu'on se faisait du mal en continuant ainsi.

Il se souvenait de lui avoir dit l'autre fois qu'il l'aimait. Chose à laquelle elle n'avait pas réagit, ça lui avait fait mal. Et Matteo avait largement assez bu pour que l'alcool lui fasse dire des trucs qu'il n'aurait pas voulu, comme pour la fièvre l'autre fois alors qu'il lui avait demandé de revenir. Matteo ne savait plus ce qu'il voulait mise à part ce qu'il voulait réellement. Sauf qu'il savait que ce qu'il voulait réellement il ne l'aurait jamais. C'était donc difficile pour lui de lui faire face et lui dire ce qu'elle aimerait entendre, puisque lui même ne savait pas ce qu'il fallait qu'il dise. Il ignorait ce qu'elle attendait de lui. Elle ne savait même pas si elle voulait qu'ils soient amis alors comment voulez-vous que lui sache.
Oui, elle lui en demandait trop et c'était pas peu dire. Sauf qu'il ne voulait pas qu'elle s'en aille, pas ce soir... Matteo soupira longuement avant de lui souffler "- Qu'est ce que tu attends de moi ...?" peu être que lui aussi lui en demandait trop, mais elle ne semblait pas savoir ce qu'elle voulait et surtout elle semblait attendre quelque chose de lui, et lui ne savait pas ce qu'il pouvait faire pour elle, ce qu'elle attendait. Peu être qu'en lui posant la question elle réussirait à répondre.

Fallait-il que l’on reste amis ? Qu’on garde nos distances le plus possible ? Je n’en savais trop rien en fait. Et je n’arrivais pas à dire ce qu’il fallait faire ou pas. Tout comme Matteo en fait. On était deux, alors l’un de nous ne pouvait pas prendre une décision pour les deux logiquement. Le mieux était sans doute que je rentre. On était tous les deux à fleur de peau et continuer à parler ainsi ne mènerait sans doute à rien. Et c’est après un long soupire que Matte me demanda clairement ce que j’attendais de lui. Alors je haussai légèrement les épaules avant de répondre sincèrement tout en plongeant mon regard dans le sien « Que tu m’aides. Que tu m’aides à me souvenir, savoir comment c’était avant entre nous, comment c’était ici..» oui si ça se trouve ça pourrait m’aider. Du moins je l’espérais et c’est ce que j’avais sur le cœur, alors autant être franche et le lui dire vu qu’il venait de me le demander. « Que tu me montres que ça vaut le coup d’essayer de récupérer cette vie d’avant, notre vie » Oui il fallait que je sache, que je m'en rende compte. mais je ne pouvais pas le faire toute seule. Mais Matteo allait-il accepter ou au contraire refuser ?

C'était bien beau ce qu'elle venait de dire, mais comment elle voulait qu'il fasse ça ? comment elle voulait qu'il lui montre comment était leur vie avant, il n'était pas le seul dans ce couple, dans cette maison, elle aussi était présente et actrice. Alors même s'il lui montrait avec ses yeux à lui, la part de Cassia n'y serait pas, du moins pas celle de l'époque où ils étaient en couple. C'était très simple mais assez compliqué en réalité.
Matteo était paumé là, ne cessant de la regarder avec en prime ce léger silence pesant. Mais ce n'était pas évident, comment lui montrer ça, comment faire ? Ils étaient proches l'un de l'autre malgré tout et Matteo ne cessait de la regarder, cherchant au fond de lui comment il pourrait répondre à sa demande. Avec des mots ? avec des gestes ? comment il pouvait faire ça ? Ces mots qu'elle venait de dire "notre vie" raisonnaient dans la tête de Matteo et ne s'arrêtaient plus. Il s'avança encore un peu, ne cessant de la regarder et ce qu'il fit n'était sans doute pas la meilleure chose à faire, mais sur le coup il n'en voyait pas d'autre. Il s'approcha encore jusqu'à effleurer les lèvres de Cassia et l'embrasser, avec une certaine douceur mais tellement d'incertitude. Au pire il se prendrait encore un vent, au mieux elle partirait sans dire un mot. De toute façon Matteo ne savait plus du tout quoi faire et ce geste ce serait son dernier pas vers elle, après celui-là il n'y en aurait pas d'autre. Plus jamais.

Ce que j’attendais de Matteo ? Qu’il m’aide à me souvenir, que je puisse imaginer comment c’était avant, que je puisse essayer de récupérer cette vie qui m’avait échappé lors de cet accident. Parce que oui je voulais essayer de retrouver des souvenirs, l’autre fois j’avais peut-être baissé les bras un peu trop vite. Je voulais qu’il me raconte, que je puisse imaginer au mieux ce à quoi ressemblait notre vie d’avant. Et ce silence pesant s’était à nouveau réinstallé entre nous. Un silence, certes mais nos regards ne se quittaient pas. Et puis d’un coup, je me rendis compte que Matteo était plus proche de moi qu’il y a quelques minutes. Et quelques secondes plus tard, je sentis ses lèvres effleurer les miennes. C’était chaud, c’était doux, c’était agréable. Mais terriblement étrange à la fois. Ce qu’il embrassait bien, c’était encore mieux que dans les souvenirs que j’avais. Surprise par ce geste, et aussi par cette douceur je ne repoussai pas Matteo. Je prolongeai même le baiser l'espace de deux ou trois secondes.

Me reculant légèrement, je vins effleurer mes lèvres avec le bout de mes doigts comme pour me rendre compte que ce baiser avait été bien réel. « Tu embrasses toujours aussi bien… » dis-je dans un léger souffle. Alors c'est ce à quoi j'avais le droit avant ? De tendre baiser comme celui-là ? J'imaginais bien en effet. Mais et maintenant ? J'avais l'impression de me sentir comme une adolescente, ne sachant pas quoi faire.

Ce geste que venait d'avoir Matteo était totalement fou et il le savait bien, mais il ne voyait pas comment lui montrer autrement, comment lui faire comprendre ce qu'ils vivaient avant. Et pour lui c'était une évidence, ce n'était que comme ça qu'elle pourrait se rendre compte. Seulement, ce baiser était un peu comme un appel à l'aide, une bouée de sauvetage, si elle ne l'attrapait pas il n'y aurait plus aucun geste de sa part. Tout simplement parce qu'il ne voyait pas d'autres façon de faire. Il fut surpris par le fait qu'elle le laissa faire, s'attendant à ce qu'elle recule justement. Et contrairement à tout ce qu'il aurait pu penser, elle prolongea le baiser, se qui le mit en quelque sorte dans un état second, c'était presque irréel. Et quand elle mit fin à ce baiser, Matteo resta silencieux à la regarder, attendant quelque chose de sa part, sans doute une impression, un mouvement de recul ou autre, en faite il ne savait pas.

Son regard ne la quittait pas, inquiet de ce qu'elle pourrait dire ou faire. Et ce qu'elle dit ne le rassura pas vraiment, parce que ça voulait dire qu'elle n'avait toujours aucun souvenirs de leur vie à deux. Il eut malgré tout un très léger sourire, preuve qu'il avait entendu le compliment.
Et c'était malin ce qu'il venait de faire, maintenant ils allaient faire quoi avec une Cassia qui ne semblait plus savoir quoi faire et un Matteo qui était encore plus perdu qu'avant. "- Tu... tu veux faire quoi ?" la question c'était surtout pour ne pas qu'il y ait un nouveau silence pesant entre eux, mais Matteo avait perdu toute son assurance et ne savait pas du tout ce qu'il allait se passer maintenant entre eux, ça allait être encore plus bizarre comme situation.

Ce baiser échangé avec Matteo avait été doux, délicat, tendre. Ce qu’il embrassait bien. D’ailleurs je n’avais pas pu m’empêcher de lui faire la réflexion. Il embrassait peut-être même mieux que dans mes souvenirs. J’imaginais donc bien de la tendresse, de la douceur entre nous avec cet accident. Le genre de relation que je souhaitais depuis longtemps. Après tout quelle jeune femme ne souhaitait pas avoir ce genre de relation ? Mais est-ce que ça allait suffire pour retrouver cette vie d’avant ? Et quand Matteo me demanda ce que je voulais faire, ce fut un peu la panique. C’était une excellente question. A laquelle je n’avais pas de réponses. Alors un léger silence s’installa avant que je réponde « Je ne suis pas la seule à décider, nous sommes deux » puis ne quittant pas le regard du jeune homme j’ajoutai « Ce baiser était… très agréables, et je ne peux qu’imaginer que ça devait sans doute l’être tout le temps. Mais…tu crois que ça sera suffisant ? » suffisant dans le sens où est-ce que ça va vraiment nous aider, m’aider à aller de l’avant dans cette situation. A nous rapprocher réellement ?

Matteo lui avait surtout demander ça pour savoir si maintenant elle voulait rester encore un peu, partir ou n'importe quoi d'autre et comme il le pensait ce qu'elle répondit n'avait rien à voir avec la question. Alors soit il s'exprimait vraiment mal soit il y avait un réel problème de compréhension entre eux. Quoi qu'il en soit un jour il faudrait vraiment qu'ils remédient à ça. Il haussa les épaules à ce qu'elle lui répondit. Oui, ils étaient deux mais vu que la question s'adressait surtout à elle et au moment présent, il ne voyait pas trop ce qu'il venait faire là dedans. "- Je sais pas... t'es la seule à savoir ce que ça t'inspires.." il n'arrivait même pas à dire ce baiser, ce que je viens de faire etc... preuve qu'il avait du mal à assumer ce qu'il venait de faire. Pas qu'il regrettait, loin de là, juste qu'il avait la trouille qu'au final cela n'ait rien changé à la situation et qu'entre eux les choses soient encore et toujours au point mort. Mais il est clair dans le fond que leur histoire avait elle aussi commencé par un baiser, un baiser échangé sur un canapé lors d'un match de basket à la télé et c'était encore Matteo qui avait craqué, tout comme ce soir. Sauf que ce qu'il venait de faire là il le regrettait presque parce qu'il avait l'impression que c'était pas suffisant, que ce n'était pas ce qu'elle voulait vraiment.

Oui c’était bien beau et assez étrange. Il y a encore cinq minutes on était presque en train de se disputer et là on venait de s’embrasser. Mais quoi faire après un tel geste ? Comment prendre une décision à deux alors que Matteo semblait me connaitre presque par cœur, et moi non ? Tant de questions qui se bousculaient dans ma tête. Trop de questions même. Ce que ça m’inspire ? La bonne question. Tout et rien à la fois.

Passant une main dans les cheveux, je pris le temps de la réflexion. Puis je décidai de dire ce que j’avais sur le cœur « Je n’ai plus vraiment envie de rentrer maintenant… » dis-je presque un peu ennuyé. Oui car si ça se trouve Matteo lui voulait être seul, tranquille. « On pourrait peut-être diner ensemble ce soir ? » oui j'avais tout de même osé proposer ça. Après tout ce n'était qu'un diner. Car je n'avais pas le cœur à rentrer et me retrouver toute seule ou presque. Surtout après le départ de Jaffa, cette conversation et ce baiser.

"- Plus vraiment.... " il répéta ce qu'elle venait de dire mais ça semblait vraiment sans réelle certitude tout ça. Elle aurait dit qu'elle n'avait pas envie de rentrer ça lui aurait fait bien étrange. Il ne savait pas trop comment il devait prendre ça en faite. Mais le mieux serait sans doute d'arrêter de se prendre la tête et d'essayer de faire la paix. Après tout, Jaffa venait de partir et tous les deux étaient bouleversé à leur façon, chacun avait sa sensibilité. "- Oui, on pourrait." Matteo haussa les épaules, ne sachant plus vraiment s'il devait prendre ça de manière positive ou juste accepter sans chercher plus loin. "- On commande des pizza ou autre chose ?" il n'avait pas envie de cuisiner et surtout il n'avait pas le coeur à ça. Et puis sortir avec ce qu'il avait bu c'était prendre un risque.

Alors il prit la direction de la cuisine et chercha dans les tiroirs les différents prospectus qu'ils avaient sur les différents restaurants qui livraient où ils avaient l'habitude de commander quand ça leur prenait. Et il tendit les différentes cartes à Cassia, histoire qu'elle regarde ce qui la tenterait le plus. Il y avait de tout, chinois, indien, mexicain, italien. Ils étaient assez ouvert tous les deux niveau nourriture mais peu être que Cassia aurait des préférences étant donné qu'elle avait perdu une partie de sa mémoire. "- Dit moi ce que tu préfères et j'appelle." c'était surtout pour leur éviter de devoir attendre deux heures pour se faire livrer, parce que plus on attendait plus c'était long parce qu'il y avait plus de demande en fonction de l'heure. Matteo attrapa la bouteille de whisky et la rangea dans le placard le temps qu'elle jette un oeil aux différentes cartes.

Quoi faire ? Bonne question. Je n’en savais rien. Mais je savais une chose quand même ; je n’avais plus envie de rentrer. Je n’avais pas envie de me retrouver seule, pas maintenant. Surtout après une telle journée. Alors j’avais même proposé à Matteo qu’on dine ensemble ce soir. Après tout un diner ce n’était rien, si ? Et Matteo ne semblait pas contre. Bon il ne semblait pas hyper enthousiaste, mais il n’avait pas refusé non plus. Alors quand il proposa de commander des pizzas ou autre chose, je répondis simplement « Oui, faisons ça » j’aimais cuisiner mais là je n’avais pas vraiment le cœur à l’ouvrage. Alors se faire livrer était un bon compromis sur le coup. Matteo alla ensuite chercher divers prospectus. Apparemment on c’était déjà fait livrer. Chose pas si anormal après tout. Je regardai alors les différents choix qui s’offraient à nous. Tous avaient l’air bon, et je me reconnaissais bien dans les différents choix. « On a qu’à commander chinois, si ça te dis bien sûr » oui faisons simple et inutile de prendre trop de temps pour se décider.

Je laissai ensuite Matteo appeler, et terminant mon verre de whisky, j'allai mettre ce dernier à la cuisine. Je n'allai pas en reprendre un autre. Je n'avais jamais eu l'habitude de boire de l'alcool trop fort. Alors pas la peine d'en reprendre.

"- Oui c'est bien." en faite les gouts de Cassia n'avaient pas tellement changés, ça l'aurait surpris quand même. Ils se mirent rapidement d'accord sur les différents plats à commander et Matteo s'occupa de passer la commande après avoir ranger la bouteille de whisky. Et puis tout ça fait il termina son verre, il ne lui restait qu'une gorgée mais il est clair qu'il avait largement assez bu d'alcool fort pour ce soir. Il remarqua que Cassia avait terminé son verre elle aussi et il lui demanda "- Tu voudras du soda ou une bière pour accompagner le repas ?" histoire de savoir ce qu'il devrait sortir parce qu'en toute logique d'ici maximum une demie heure le repas serait livré.
Matteo en profita pour sortir deux assiettes et deux autres verres ainsi que des serviettes en papier, ils avaient l'habitude manger plus ou moins comme ça. "- Ca te dit qu'on mange devant la télé, je crois qu'il y a un match ce soir ?" Matteo avait plus ou moins prévu de le regarder ce match, mais tout seul bien sur. Au moins ça lui ferait de la compagnie. Et ça leur arrivait souvent de manger devant la télé aussi le soir pour les soirées relaxes, alors peu être qu'elle dirait oui.

J’avais regardé un petit instant les différents prospectus et finalement mon choix s’était porté sur le chinois. Ca ou autre chose, ça importait peu au final. Et puis on devait aimer tous les deux, sinon on n’aurait pas gardé ce genre de publicité dans un tiroir. J’avais ensuite été déposé mon verre à la cuisine. J’avais bu un bon verre de whisky, et j’en avais assez. Surtout que je n’avais jamais été attiré par les alcools trop forts. Puis Matteo me proposa de boire quelque chose, soda ou bière. « Je veux bien une bière, s’il te plais » oui après tout une bière ça va ce n’était pas très fort, du moins ça l’était moins que le whisky. Et puis j’avais vraiment besoin de décompresser là.

Je laissai ensuite Matteo sortir le nécessaire pour manger. Et quand il me demanda si ça me disait qu’on mange devant la télévision, car apparemment il y avait un match je répondis « Oui, pourquoi pas » ça pouvait être sympa. Alors j'aidai Matteo à mettre les couverts sur la petite table du salon, comme ça tout sera installé quand le livreur arriva.