Anciens problèmes mexicains. + STEPHELIE

Elle avait l'impression de suffoquer. Une affreuse sensation qui s'accentua quand on lui tira le bras et qu'elle finit par tomber pas sûre de ses pas. Le noir complet et des murmures en espagnol du moins le supposait-elle pour toute explication, elle aurait bien voulu répliquer si elle n'avait pas un bâillon qui l'empêchait de sortir autre chose que des sons sans forme. Elle ne comprenait pas que ça lui arrive, maintenant, encore. Ce n'était pas la même chose mais si c'était pour la torture psychologiquement, ça fonctionnait à merveilles. Quoiqu'elle n'ait pas l'occasion de le montrer à cet instant, elle avait peur. Elle savait que le transport avait duré un long moment et elle s'attendait à entendre O'Connor ou une voix de femme mais ne faisait que surprendre des bribes de conversation en espagnol. Elle ne voyait rien à cause du sac devant ses yeux et ne savait même pas si elle pouvait envisager courir dans une direction opposée. Elle ne voulait surtout pas vivre une autre situation effrayante et finir par mourir sans même savoir pourquoi elle était là. Elle s'imaginait déjà, une balle dans la tête, enterrée dans un terrain vague et au registre des disparus pour le reste du monde. Peut-être que Norah enquêterait ou peut-être le détective Layne, peut-être qu'ils ne trouveraient rien. Bon sang, elle aurait du avoir une arme sur elle !
Soudainement, la lumière se fit et elle dut fermer les yeux pour affronter ce qui semblait être un néon pointant directement dans sa direction. Quand elle les rouvrit, toujours incapable de parler et les mains liées, elle détailla au maximum les personnes devant elle et devait reconnaître qu'elle ne les connaissait pas. Pourquoi elle ? Ils voulaient quoi ? Ils avaient du se tromper. Et alors, seulement, elle regarda à sa gauche pour y voir un visage familier : Stephen, dans la même situation qu'elle. Dans quoi s'étaient-ils fourrés ?!

Là, vraiment, ça touchait le fond ou plutôt les sommets. Elle ne pouvait pas croire qu'une situation comme ça se produisait vraiment. Le karma avait décidé de jouer avec ses nerfs ou bien son pessimisme avait fini par lui porter la poisse. Quoique ce soit, Stephen se trouvait également dans les ennuis et si ça aurait du la rassurer, ce n'était pas du tout le cas. Ça faisait toujours une personne en moins à enquêter sur sa disparition.
Les kidnappeurs qui qu'ils soient essayèrent ensuite de communiquer mais force était de constater qu'elle ne comprenait pas un strict mot. Peut-être un ou deux qui avaient quelques origines latines qui lui faisaient penser au français mais c'était tout. Je ne comprends pas ce que vous... Elle était de toute façon loin d'être bilingue même en français et se prit la gifle sans avoir pu dire un mot. La douleur irradia sa joue et elle bougea la mâchoire simplement pour vérifier avoir toujours la possibilité de parler dans un futur proche. La conversation fut apparemment bien plus réussi avec Stephen et elle resta dans la plus grande incompréhension, cachant sa crainte du mieux qu'elle put jusqu'à ce qu'il parle. C'est charmant... J'ai l'air d'être une assistante maintenant ! Fut tout ce qu'elle trouva à dire, soudainement plus préoccupée par l'image qu'elle renvoyait que par ce que ça pouvait signifier. Elle était inutile, potentiellement un poids mort dont il faudrait se débarrasser. Ils te veulent quoi ?

" Je pense qu'on a été observé ces derniers temps et j'ai été plus souvent avec toi qu'avec Logan. De ce fait, on t'a confondue avec Logan ! " répondit Stephen dans un murmure. Une pause et il fronça les sourcils, inclinant un peu la tête avant de grimacer " Tu as essayé de parler le Français ?" Le français avait toujours été inutile pour lui, n'ayant jamais rencontré une personne qui parlait cette langue. Il avait souvent été confronté à des Mexicains, des latinos qui venaient directement de l'Amérique du Sud. Il haussa les épaules à la question d'Eleanor et lâcha un gros soupir. Il finit par répondre toujours dans un murmure, observant les Mexicains en train de se prendre la tête. " Je pense que ce sont les hommes de mains d'Alvarez... C'est de ma faute qu'on en est là. J'ai énervé la mauvaise personne, croyant que c'était lui le responsable de mon dossier disparu. Maintenant, il croit que je sais où est la femme de l'ancien patron, qui purge actuellement la peine en prison. Tu vois ? Je t'en ava... ouh là." il ne put finir la phrase que l'homme revint vers eux et posa la question à Stephen, à nouveau et une nouvelle conversation commença, il y eu un mouvement de tête du Mexicain en la direction d'Eleanor. Le détective sembla être préoccupé et finalement il tourna la tête, un peu baissée pour demander à Eleanor. " Il te demande, si tu as de la famille."

J'ai cru remarquer que c'était inutile. Chuchota-t-elle en rapport avec le français. S'ils ne savaient même pas parler anglais, ils ne savaient sans doute rien de la langue française. Elle aurait bien eu envie de les interpeler et faire passer un message avec Stephen en traducteur mais elle voulait d'abord savoir la raison de sa présence. Vraiment, la malchance était de mise et si elle pariait sur ses chances de survie, elles étaient faible. Alvarez... Ce nom lui devenait soudainement insupportable. Elle songea un instant à se mettre en colère après Stephen pour cette bourde qui leur valait d'être ici et parce qu'il était facile de lui en vouloir mais au lieu de ça, les hommes revinrent vers eux et Stephen joua les messagers. Et je dois répondre quoi d'après toi ? Demanda-t-elle entre ses dents, fixant le regard sur les hommes qui attendaient. Très bien. Si elle n'avait aucune famille et elle n'en avait aucune, ses chances de survie était de zéro pourcent. Si elle prétendait en avoir une, cela pouvait s'avérer plus prometteur mais à part réclamer une rançon, elle ne voyait pas non plus ce à quoi ça pourrait servir et elle n'avait personne pour jouer le rôle de banque, même pas Foster. Non. Pas de famille mais je sais comment trouver la femme de votre patron ! Décida-t-elle de répondre en supposant que Stephen allait traduire jusqu'à ce qu'une fois au fort accent espagnol prenne la parole et la personne restait pour le moment hors de son champ de vision. Comment ? J'ai fouillé dans les dossiers du détective Layne et j'ai fini par trouver quelque chose. Fut sa réponse et si c'était un possible coup de bluff, Stephen n'était pas supposé le savoir.

Stephen avait de la famille, c'était ce qu'il avait pu dire à l'homme, en étant honnête. Mais il savait que ça n'allait pas l'aider du tout, mais vraiment pas du tout et face à la réaction d'Eleanor, il eut un léger mouvement comme pour lui dire qu'il ne savait pas, qu'il n'avait pas la moindre idée. Puis elle commença à répondre, dont Stephen traduit en même temps qu'elle, à quelques mots de retard mais... Il fronça les sourcils et jeta un coup d'oeil, un regard d'incompréhension à Eleanor.

" Tu .. Quoi ?!" s'énerva tout d'un coup Stephen, très surpris que c'en était réel - parce que ça l'était. Ignorant la voix dont il pouvait très bien reconnaître entre mille. Focalisé sur ce que venait de dire Eleanor. Elle venait réellement de faire ça. La surprise de Stephen laissa les Mexicains sans réponse qu'il se prit déjà un coup de droite assez fort pour qu'il manque de tomber. Mais il fut rattrapé par l'un des hommes et le détective essaya de parler en traduisant ce que venait de dire Eleanor. " Et donc .. Elle est où ?" Stephen essaya de se reprendre du mieux qu'il pouvait et c'était avec un drôle de regard qu'il traduit. " Eleanor qu'est-ce que tu fous ? T'as vraiment lu ce dossier ?! Enfin, la voix de nulle part, qui est Alvarez te demande où elle est..."

Rentrer dans le jeu, ne pas en ressortir et ne pas expliquer à Stephen que ce n'était que mensonge. Surtout quand finalement, l'un d'eux comprenait l'anglais suffisamment bien pour l'avoir comprise et qu'elle se retrouvait avec le regard choqué de Stephen dans sa direction. Sans un regard pour lui, elle continua à fixer les hommes qui eux ne parlaient plus avec un air de défi et attendit les réactions. L'autre homme répliqua alors et Stephen fit de même. J'avais compris cette partie-là figure-toi. Lui répondit-elle comme pour le faire taire. Elle ignora ses premières questions et parcourut la pénombre des yeux. Oh allez, montrez-vous j'ai l'impression de parler dans le vide et je déteste ça. Oh oui, elle savait faire semblant d'avoir du courage. Elle en avait peut-être mais c'était plus par fierté et pour aider son ego à tenir bon qu'elle se complaisait dans le rôle de celle qui ne semblait pas du tout paniquée par la situation. Quand un visage apparut de derrière elle et Stephen, venant se placer dans son champ de vision elle sourit presque gentiment. Et bien voilà. Comme elle le dirait à un enfant qui avait enfin obéi. Où ça ? Et elle redevint moyennement sérieuse, prenant un air presque défaitiste. Vous n'écoutez pas. Je n'ai pas dit que je savais déjà où la trouver mais que j'avais un moyen pour la localiser. C'est toute une nuance. Je ne sais pas ce que vous a dit le détective Layne mais il ne pourra jamais vous donner une adresse. Premièrement parce qu'il n'en sait rien, deuxièmement parce qu'il est trop gentil pour trahir un client et troisièmement parce qu'il n'aime pas du tout être forcé à quoique ce soit. Croyez-moi. Cependant si vous voulez des informations, il vaudrait mieux éviter de tuer l'un de nous deux, ça compromettrait notre entente. Alors, deal ?

" Ça m'arrange de ne plus te traduire, si c'est pour balancer toutes les informations." fit-il en observant autour de lui assez discrètement, bien que le lieu avait une partie assez sombre, ce qui ne l'aidait pas forcément. Le détective avait un couteau bien caché mais avec les mains liés, il était déjà assez difficile de le récupérer sans se faire remarquer. Il écouta la conversation, petit à petit son regard s'assombrit et vraiment, il avait du mal à la croire. À croire qu'elle faisait vraiment ça. Le détective observa aussi les hommes présents, puis Alvarez dont il lança un léger regard noir. Il écouta la conversation et il haussa les sourcils surpris avant de lever les yeux au ciel face aux trois notes le concernant. " J'aime bien votre assurance, malgré que je peux sentir votre peur. Mais, vous me dites savoir comment la localiser. Ça ne m'intéresse pas vraiment, ce que je veux c'est la localisation. Je ne veux pas d'entourloupe et ce que vous me faites, m'en a bien l'air d'être un. À moins que vous m'expliquez comment vous comptez vous y prendre, sans avoir la collaboration de Layne. Il n'y aura pas de deal." fit Alvarez dans un anglais à l'accent espagnol. Stephen vérifia les liens et essaya de les démêler discrètement quitte à ce que ça lui brûle les poignets.

Être séparée de son allié était tout sauf la chose à faire pour la rassurer. Cependant ayant commencée à jouer un rôle qu'elle maitrisait mieux que la peur elle-même, elle décida de continuer sur cette voie. Alvarez supposait-elle après avoir entendu Stephen le dire était toujours ici ainsi qu'un des hommes. Deux c'était toujours mieux que quatre mais son problème majeur était ces liens qui lui empêchaient d'esquisser un mouvement de liberté. Alors Stephen allait peut-être être libre mais ça ne signifierait pas qu'il allait s'en sortir facilement. Même s'ils paraissaient être des gros bras, elle était certaine qu'ils avaient reçu un entraînement nécessaire et aurait bien voulu avoir une arme. Oh tiens, quand on parle du loup... L'une d'elle fut pointée dans sa direction et elle grimaça vaguement. Enlevez ça, je ne parlerai pas plus vite avec une arme pointée vers moi et si vous tirez, vous manquerez votre chan... Cette fois c'était plutôt le pistolet que la main qui avait servi au coup et elle sentit déjà que son arcade sourcilière n'avait pas apprécié le traitement. Je n'ai pas dit que je tirerai. Elle avait cru le remarquer... Cependant elle pouvait au moins se dire que ce n'était pas elle dans la pièce à côté et si ça ne rassurait pas son inquiétude pour Stephen, ça avait au moins le mérite de l'empêcher de paniquer totalement. Qu'est-ce que vous savez sur Jacqueline ? Ainsi c'était ça son nom, bon à savoir. Mis à part qu'elle vous a tous bien eu ? Elle avait senti l'autre coup venir à des kilomètres. Répondez. J'ai déjà dit que je ne ferais rien tant que Stephen ne sera pas ici ! Et elle attendit l'autre coup venir en ayant l'impression qu'on lui défonçait le crâne très lentement. Ça allait encore faire de belles cicatrices... Mais elle attendait toujours Stephen et se résolut au silence en l'attendant.

Je pense qu'on s'est pas bien comprendo. Je pense que votre anglais est à rev... La ferme ! Bon, bon... Finit-elle néanmoins alors qu'il sortait tout autre chose qu'une arme à feu. Mauvaise idée, vraiment mauvaise idée. Aussi fort aimait-elle les couteaux pour cuisiner, elle ne leur vouait pas un si grand culte pour en côtoyer un de près là maintenant. Elle aurait bien reculé mais ses quelques mouvements furent vite stoppés. Dites-moi où elle est ! Puisque je vous dis que personne ne connait sa localisation exact...aah. Ça c'était douloureux en sentant le couteau laisser une marque le long de son épaule. Dites-moi. Je ne sais t... Cette fois elle serra les dents. Elle avait oublié ce que ça faisait de souffrir physiquement. Mais c'était vraiment pas de chance pour lui parce que mentalement, c'était une toute autre histoire et si c'était douloureux, ça ne semblait pas être grand chose à côté du reste. Cependant, elle reconnaissait que depuis les coups de crosse, un certain mal de tête avait pris possession d'elle et Ellie songea qu'une petite commotion était sans doute ce qui lui arrivait maintenant. C'était beau... du sang sur le visage et le couteau qui s'amusait avec la chair de son bras. Sans compter Stephen entrain de... Je n'ai aucune raison de vous garder en vie si vous ne... ¿qué diablos es esto? Marcos , verá ! Elle n'avait pas besoin de comprendre l'espagnol pour savoir qu'il parlait du bruit monstre et des cris de douleurs de l'autre pièce. Stephen avait du trouver un moyen de se libérer, forcément ! Mais elle fut redressée avant d'y songer plus et poussée jusqu'à l'autre pièce. Je t'aurai pensé plus discret. Marmonna-t-elle à l'encontre de Stephen qui se trouvait maintenant dans son champ de vision. Actuellement menacée d'un couteau non loin de la carotide, elle osa à peine bouger mais à un moindre signal, elle pouvait fort bien tenter quelque chose. Stoppez ça ou vous mourrez tous les deux ! Tiens, les menaces de mort commençaient à lui manquer...

Les échanges prirent fin quand Stephen réussit à mettre K.O le dernier des deux et il manqua de tomber, vraiment sonné des coups et il aurait tellement aimé s'asseoir, attendre que les vertiges passent mais il savait qu'il ne pouvait pas parce qu'il entendait Alvarez hurler de l'autre côté. Rapidement, le détective ramassa son arme qui était par terre et il regretta vite la décision avec son mal de crâne, la côte. Par réflexe, il passa ses doigts sur son front et c'était au niveau de la tempe qu'il remarqua le saignement. " Merde." Il ne perdit pas son temps malgré tout et alla trouver les cartouches répandues par terre, il essaya de charger son arme au plus vite, tout en se positionnant près de la porte. Il entendit quelqu'un arriver et l'assomma avec son arme sur la partie sensible du coup, un bon repos pour quelques minutes. Il soupira, essoufflé, ce n'était plus de son âge tout ça mais il se félicitait d'être encore en vie malgré tout. Il recula de quelques pas et grimaça encore de douleur. Il resta sur ses gardes et il pointa son arme vers Alvarez qui tenait Eleanor, le couteau sous la gorge. Stephen rit nerveusement face à la remarque de son ex-cliente et secoua la tête. Avec le souffle court, il répliqué " C'était mon premier plan. Je ne pensais pas qu'ils hurleraient pour si peu..." Pour si peu ? Il n'était pas allé de main morte. Au moins il avait toujours l'oreille... Il entendit Alvarez, en train de les menacer de mort. Ce qui avait pour effet de donner un air peu surpris du détective qui avait toujours l'arme pointée vers Alvarez et Eleanor. Il semblait être sérieux et savait où viser sans toutefois tuer. Alvarez parce qu'il le voulait vivant. Il observa Eleanor en silence et inclina légèrement le menton, il reconnaissait ce regard qu'elle avait : elle était prête à vouloir tenter quelque chose malgré le couteau près de la carotide.

Cela faisait très longtemps qu'une telle situation n'était pas arrivé à Stephen et il devait imaginer que c'était pareil pour Eleanor. " Joli !" fit-il en guise de commentaire de ce qu'elle venait de faire pour contrer Alvarez, venant vers eux, l'arme pointée sur le trafiquant de drogue. Il releva son regard et observa les blessures de son ex-cliente, mais ils étaient tellement dans l'adrénaline qu'ils ne pensaient pas à en parler. " Et maintenant ? Eh o...Argh !" lâcha-t-il au même moment où le coup de feu fut parti. Le détective chuta à terre, lâchant son arme qu'il tenait à l'instant, il porta sa main valide, oubliant les autres douleurs ... Qui étaient toutes concentrées à son épaule. Il n'entendit pas vraiment le commentaire d'Eleanor qu'il était concentré sur la douleur, il avait eu l'impression qu'on venait de lui arracher l'épaule. Il essaya de chercher son arme du regard avant d'en voir une qui était pointée sur lui. Le détective arrêta de bouger, la main toujours sur son épaule, ensanglanté, il se pinça les lèvres et posa sa tête contre le sol dans un gros soupir. Eh merde... finit-il par penser. Il observa Eleanor et la tête ravie d'Alvarez, vraiment ça lui donnait envie de la massacrer cette tête-là.

Eleanor désarmée, Stephen redressé malgré la douleur et incapable de se battre comme tout à l'heure... Les revoilà en mauvaises postures. Ils se retrouvaient tous les deux à côté. Il soupira, avec la balle dans l'épaule qui était devenu un point faible pour lui. Il vit Alvarez donner un coup de pistolet à Eleanor, parce qu'elle venait de parler et il grimaça pour elle. " Quelque chose à ajouter détective ?" fit Alvarez assez énervé alors qu'un des gars était en train de l'attacher à nouveau, ce qui fit grimacer et râler de douleur Stephen. " Ce gars, il s'est farci trois des nôtres !" " Réveillez-les ! Et va dire à Pedro de se ramener avec ses gars à lui, on a apparemment deux coriaces là, qui savent se battre."" J'ai un couteau sur moi." murmura Stephen en français, pas sûr qu'Eleanor ai compris ou même entendu. Mais si elle avait appris le français durant sa scolarité... " Qu'est-ce que tu viens de dire ?! Tu viens de parler dans quelle langue là ?!" fit Alvarez qui mit sa main sur son épaule meurtri. " Ah ! Bordel de merde ! Je venais de lui dire que c'est mieux d'avoir un plan D !" fit-il en anglais finalement et étrangement Alvarez le crut, puisqu'il arrêta d'appuyer sur son épaule. Un homme fit redresser Eleanor et lui repassa les liens et cette fois-ci, derrière son dos. Le détective avait la tête qui tournait, en plus de cette douleur qui n'en finissait pas, elle n'allait pas partir pour si peu.
Ils étaient vraiment dans la merde tous les deux. Alors qu'Alvarez finit par s'éloigner pour discuter avec le nouvel arrivant à l'autre bout de la pièce, laissant trois hommes surveiller les deux Américains. Stephen n'écoutait pas vraiment ce qui était dit, étant focalisé sur sa douleur et de ses effets.

Elle entendit le français, l'intégra mais ne répondit rien. Elle trouva ça étonnant que lui parle en plus de l'espagnol une autre langue. Il était vrai que dans leur pays, nombreux étaient ceux qui ne parlaient que l'anglais par manque d'envie et simplement parce que l'enseignement depuis la petite école voulait que l'américain soit supérieur. Cela dit en passant, Ellie n'était pas loin d'y croire mais la France étant la zone de déploiement de son père à l'époque puis diverses relations avec le parti démocrate, ça s'était fait facilement. Malgré tout, elle n'avait aucune envie d'apprendre une autre langue, très américaine sur les bords, elle ne considérait pas cela forcément utile. Elle fut ensuite redressée et à nouveau attachée, plus serrée et dans le dos. Elle détestait sentir le sang couler le long de son bras et espéra que les coupures étaient suffisamment peu profondes pour ne pas la laisser se vider de son sang à petit feu. Stephen était un cas plus préoccupant et sitôt que la plupart des hommes furent rassemblés plus loin, elle se tourna vers lui, se moquant qu'on la comprenne. Ça va aller ? Elle attendit la réponse pour tenter d'établir les mots suivants dans le bon ordre et très rapidement, dans un français assez bon pour se faire comprendre. Tu peux atteindre ton couteau ? Il est où ? Il faut agir avant d'être séparé, tu penses pouvoir courir ? Et de reprendre aussitôt plus fort et pour les trois hommes. Il a besoin de soins ! Si vous le laissez comme ça il va se vider de son sang et vous n'aurez pas vos informations ! Vous m'entendez ?!

Il pouvait sentir le liquide rougeâtre couler sur sa main, le sang qui coulait le long de son bras... Ce n'était pas du tout bon signe. Il observa à peine Eleanor, qui lui demanda si ça allait malgré tout ? " J'ai l'impression d'avoir quelque chose dans mon épaule, on dirait que la balle n'est pas ressortie. Donc non ça ne va pas aller pour la suite." Il n'était pas sûr que ses impressions étaient justes, il avait assez mal mais au moins, il était toujours conscient pour l'instant. Un des trois hommes finit par leur demander de se taire, sans toutefois donner un coup. Ce qui était déjà un progrès. Puis il entendit le français d'Eleanor, dont lui pouvait ... presque comprendre. Stephen plissa les yeux, cherchant à comprendre ce qu'elle venait de dire. Il n'avait pas tout compris, juste quelques mots. Il savait parler que de simples phrases " Non." pour répondre à l'accessibilité de son couteau et il bougea discrètement son pied droit pour dire que c'était là. Sur le côté où il avait son épaule blessé... Eleanor pouvait seulement l'atteindre. " Courir ? Je pense oui. Je parle pas trop français." Puis son ex-cliente se mit à réagir auprès des trois hommes et c'était Alvarez de l'autre bout de la pièce qui réagit en anglais. " Vous pensez toujours être en position de négocier ?! Elle est bueño celle là ! Dans le stade où on est, on s'en fiche que vous ayez des informations. On a deux autres personnes qui nous diront où elle est." Stephen soupira en voyant Alvarez se retourner pour discuter avec ses amis sur un plan. " ... C'est mauvais Eleanor, ils parlent depuis tout l'heure comment se débarrasser de nous..." Et l'une des trois personnes qui les surveillaient écrasa son pied droit assez violemment. " Aoouch !" " Silence !" Le détective grogna de douleur et espéra que l'homme n'avait pas eu la sensation d'avoir touché quelque chose de solide.

Essayes de ne pas trop bouger ton épaule pour éviter que la balle se déplace. Répondit-elle rapidement avant de reprendre en français, espérant obtenir une réponse et devant bien reconnaître que Stephen n'était pas totalement trilingue. Au moins sut-elle où se trouvait l'arme et devait trouver un moyen de l'atteindre. La question qui se poserait ensuite était de savoir ce qu'elle en ferait. Il lui faudrait faire un choix ou plutôt décider comment réagir. C'était tuer ou être tué à priori et ce n'était pas pour la réjouir. Devait-elle avouer qu'elle n'avait jamais tué personne ? Ce n'était sûrement pas le moment d'y penser et elle interpela Alvarez qui répliqua aussitôt, Stephen enchaînant et révélant ce qui était le tout dernier sujet de conversation. Elle voulut paniquer mais devait encore réfléchir clairement. Réfléchir pour deux même apparemment. Stephen ne paraissait pas en très bon état, ça voulait dire qu'il lui fallait agir vite et elle eut alors un rire bien moqueur voir dédaigneux. Elle pouffa si bien qu'Alvarez finit par s'approcher. Quoi encore ? Oh rien, rien vraiment... Mais elle continua à rire. Dites moi ! Reprit-il menaçant, comme si elle n'en avait déjà pas assez du couteau et maintenant du pistolet. Deux autres personnes. Vous croyez vraiment qu'une personne qui aurait voulu disparaître comme Jacquelin aurait prévenu ... combien ? Trois personnes et qu'il sera si facile de la retrouver ? Dites-moi, depuis combien de temps la cherchez-vous ? Ça doit faire un moment et vous croyez encore pouvoir obtenir les informations si facilement. C'est drôle ... vraiment drôle ! Et elle continua à rire avant qu'il frappe à nouveau la projetant à terre. Ellie provoqua la chute, les mains non loin de la position du couteau. La ferme ! Et tout en cherchant son souffle dans une parfaite parodie de la femme apeurée, elle alla saisir le couteau, trancher ses liens, dissimulant ses mouvements. Finalement, c'était une chance qu'elle soit attachée dans le dos.

Ne pas bouger l'épaule, c'était facile. Il avait les mains liés qui l'empêchait de bouger, c'était déjà ça et il espérait qu'Eleanor n'allait pas le laisser ainsi parce qu'elle savait qu'il était un patient très têtu. Après avoir échangé des informations importantes, sur leur dernier espoir : le couteau qu'il avait réussi à tenir caché depuis tout ce temps là. Un autre problème : comment le récupérer ? Il observa derrière lui les hommes qui bougeaient un peu pour aller se mettre devant le duo, préférant se mettre aux côtés du patron. Au moins il n'y aura pas un qui va lui écraser le pied à nouveau ou donner un sale coup à la tête. Le détective ne put s'empêcher d'avoir un regard intrigué vis à vis du comportement étrange d'Eleanor, elle riait et elle expliqua pourquoi c'était si drôle face à l'énervement d'Alvarez. Stephen observa Alvarez et soupira pour essayer de faire détourner l'attention d'Eleanor dès qu'il sentit un contact à son pied, elle essayait de récupérer le couteau. Il venait de comprendre. " Mais elle a raison. Ça fait déjà longtemps que tu la recherches, tu ne la retrouveras pas. On parle de la protection des témoins, par les agents fédéraux. Tu veux risquer ça ?" " Elle dit savoir comment localiser." " Avec un ordinateur." " Non. On ne lui donne pas l'occasion de prévenir qui ce que ce soit." " Alors vous ne pouvez pas la retrouver." fit Stephen avec un léger sourire au coin, amusé par la réflexion d'Alvarez. Les liens familiaux ne l'aidait pas à penser correctement apparemment. Il finit par reculer avec ses hommes pour aller voir ses amis au coin de la pièce. " Le couteau." chuchota Stephen qui fit un geste de sa main liée et grimaça à la douleur. " Ils vont revenir là." " Mais qu'est-ce que vous foutez ?! Restez près d'eux, ne restez pas près de moi !" fit Alvarez furieux après ses trois hommes qui finirent par revenir vers eux.

Parfait. Stephen jouait le jeu et cela lui laissa le temps pour se libérer. Elle garda les mains dans la stricte même position, refusant d'esquisser un seul geste révélateur. Finalement, il s'en sortait bien pour une personne qui perdait tout son sang et si elle entendit sa réflexion, elle hésita la seconde de trop et Alvarez aboya sur ses hommes qui revinrent. Elle décida alors d'agir, attendant que leurs jambes soient proches pour trancher au niveau du tendon l'une des jambes du premier homme qui bascula en entraînant un second. Elle arracha l'arme de celui qui tombait et se releva aussitôt pour pointer l'arme vers le troisième homme et lui tira dans le pied. Le second tenta de reprendre le contrôle de son corps et les deux autres piaillaient de douleur. Elle en profita pour libérer rapidement les mains de Stephen et lui laisser le pistolet. Elle détestait tirer. Elle tira Stephen vers la sortie tandis qu'Alvarez hurlait : Attrapez-les. Et il sortit son arme. Regarder Stephen lui fit dire qu'il pouvait tirer mais qu'il valait mieux qu'ils sortent maintenant. Ils y allaient à reculons et deux des hommes pointèrent leurs armes et tirèrent. La protection leur vint d'une caisse en bois et elle regarda Stephen, vérifiant son état. Tu peux tirer ?

Tout s'était très vite passé. Les hommes étaient revenus et deux tombèrent, Eleanor avait dû en profiter pour couper un tendon, ce qui en soit, était assez douloureux. Dans la seconde suivante, il se mit à bouger pour mettre en évidence ces mains afin qu'Eleanor le libère et il récupéra l'arme sous une grimace de douleur après avoir bougé son épaule. C'était assez douloureux comme ça et il n'hésita pas à ramasser une seconde arme, pour ne pas être à court de cartouche au cas où. Il suivit Eleanor pour aller vers la sortie et eut le temps de baisser la tête avant qu'une balle ne touche l'entrebâillement de la porte de sortie.

Avec deux hommes qui tiraient et le duo caché derrière une caisse en bois. Il finit par s'y adosser une peu en râlant de douleur et il observa sa main ensanglantée. " Tu ne peux pas tirer toi ?" fut sa réponse alors qu'il tenait les deux armes, il tendit une à Eleanor, ne pouvant pas garder les deux. Il prépara à tirer pour essayer et sortit un moment de la cachette pour tirer sur la personne qui ne se couvrait pas vraiment. Il réussit à le toucher et manqua de se prendre une autre balle mais il se couvrit rapidement " Mauvaise idée, mauvaise idée ..." fit-il dans une grimace de douleur, tirer comme ça lui faisait bouger son épaule et instinctivement, il avait porté sa main dessus. Il souffla et observa la porte de sortie devant lui. Les feux se sont arrêtés et il y avait une conversation en espagnol dont il pouvait reconnaître la voix d'Alvarez. Il prit son arme de la main gauche, bien qu'il était droitier. C'était pénible mais il allait devoir s'y faire. " Va y, je te couvre et tu me couvriras après." fit Stephen en désignant la porte qui était devant eux, qui étaient de dos contre la caisse. Il avait ce léger sourire et il ne s'en était pas du tout rendu compte puis il se mit à tirer le temps qu'Eleanor fasse le trajet jusqu'à la porte et attendit le signal pour y aller à son tour. Il eut un peu de mal à tirer de la main gauche malgré tout.

Si. Fut son unique réponse bien qu'elle aurait préféré le couteau au flingue. Elle pointa néanmoins son arme et tira en même temps que lui en réponse aux tirs ennemis. Ils ne pouvaient pas rester là, ils allaient finir par être exposés et se faire prendre. Cette fois-ci, c'était sûr, on ne leur laisserait pas le temps de parler avant de les tuer. C'était leur chance et elle grimaça en le voyant souffrir de l'épaule. Il allait falloir le soigner et un moment donné, il deviendrait bien moins vif. Elle hocha la tête sans discuter lorsqu'il parla de se couvrir l'un l'autre et elle attendit d'entendre les armes se recharger pour sortir de derrière la caisse et courir accroupi jusqu'à... jusqu'à l'un des hommes qui semblait avoir fait le tour pour les surprendre. Elle chercha à l'éviter mais il était au mauvais endroit et elle allait en terrain découvert. Elle avait l'arme, le pistolet et le couteau. Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir qu'il pointait son arme et elle décida de foncer. Un pas de côté et elle sentit à peine le couteau dans le cou de l'homme et le sang gicla. Elle mit une seconde à réagir et s'écarter du liquide rouge en entendant à nouveau le bruit des armes. Elle regarda l'homme à terre, choquée de son propre geste mais dû retourner à ce qu'il se passait. Elle se plaça à la porte de sortie et tira. Stephen ! Il fallait qu'il vienne, c'était la seule fenêtre de tir avant de se retrouver bloquer. Le soleil était haut dans le ciel et si ce n'était pas le meilleur moyen de passer inaperçu c'était encore leur seule possibilité. Maintenant !

Dès qu'il entendit le signal, sans avoir vu ce qui s'était passé derrière lui. Stephen arrêta de tirer et c'était juste au moment où il n'avait que deux balles... ! Elle avait bien choisi son moment et il pouvait entendre que les personnes au fond étaient en train de recharger, mauvais timing et il n'hésita pas à se relever pour courir avant de le faire accroupi quand le feu s'ouvrir à nouveau. Il manqua de se prendre la personne par terre, qui se noyait dans son sang. Il ne s'attarda pas longtemps qu'il arriva à la porte et poussa un peu Eleanor pour sortir de là. Il plissa les yeux en voyant la lumière vive et vit que c'était un peu le désert. Ils ne pouvaient pas aller loin comme ça " Merde. Ils vont nous tirer dessus si on ... La voiture." fit-il en la désignant à la dernière seconde, une 4x4 juste à quelques pas. Ils avaient de la chance qu'elle était ouverte et malheureusement pour eux, il n'y avait pas de clefs. " Merde .. Laisse-moi faire et tu nous couvres.." fit Stephen qui ouvrit la portière de la partie conducteur pour essayer de bricoler lui-même la voiture avec les fils, comme au bon vieux temps de son adolescence.. Alors que les tirs recommencèrent, il essaya de lier quelques fils de la voiture et essaya de mettre le contact le plus rapidement qu'il pouvait, essayant d'ignorer la douleur et la sensation étrange de son bras. Puis ils pouvaient entendre la voiture démarrer enfin. " C'est bon ! On y va !" fit-il en montant en premier dans la voiture pour se mettre sur le côté devant passager, afin de laisser Eleanor conduire. Il récupéra l'arme qu'Eleanor lui tendit et il tira alors que la voiture recula pour s'éloigner de ces hommes, en direction de la route. Stephen essaya de viser les pneus des voitures restantes, pour les empêcher de se faire poursuivre mais ce n'était pas évident avec la main gauche.

Couverte de sang était un euphémisme et elle aura sans doute pu faire une crise de nerfs si la situation l'avait permis. Elle avait tué un homme... Elle ne se dispersa pas. Il fallait sortir de là et quand Stephen la rejoignit, ils sortirent immédiatement. Elle le suivit jusqu'à la voiture trouvant l'idée moyennement bonne. Elle n'était pas du tout convaincu concernant ses compétences de mécanicien et le laissa faire néanmoins en le couvrant comme elle pouvait. Il restait peu de balles... Il réussit finalement à faire fonctionner la voiture et elle s'en étonna. Les voitures récentes, les modèles nouveaux n'avaient plus que des systèmes automatisés. Elle ne s'appesantit pas dessus et prit le volant, démarrant immédiatement tandis qu'il prenait son arme pour tirer. Ils avancèrent vite et elle conduisit comme si elle avait la mort aux trousses ce qui était un peu ça. Je te dois des excuses, j'ai un instant pensé que tu ne réussirais pas à faire démarrer cette voiture. Ils s'éloignaient encore. Elle ne savait pas quelle destination ils avaient prises et aucun panneau était là pour le leur indiquer mais le paysage changea rapidement. Ils suivent ? Demanda-t-elle en jetant de brefs regards dans le rétroviseurs. La forêt se profila à l'horizon et elle souffla un moment, conduisant sans un mot, l'adrénaline redescendant peu à peu, laissant place à la douleur. Elle n'osait pas imaginer celle de Stephen... Il faut qu'on te soigne ça...