Cela faisait une semaine que Nathanaël s’était installé dans le célèbre et controversé hôtel Vintage. Il avait pris le premier logement disponible avec un minimum de standing lorsqu’il était arrivé le jour même avec sa moto et un seul sac pour tout bagage. Le jeune homme avait été reçu comme un prince et bien loin de s’occuper des cancanages du quartier ou même des regards noirs que lançaient certains habitants du coin lorsque l’étranger sortait de l’établissement.

Assis sur un fauteuil plus que confortable, il sirotait un verre de whisky de premier choix en fumant une de ses cigarettes à la vanille. Le matin était là depuis quelques heures à peine et l’endroit était désert pour le moment. C’était ce qu’aimait le plus Nathanaël. Être présent dans la salle à sept heures sonnante pour profiter de la tranquillité et du silence qu’offrait cette pièce enchanteresse. Il dépensait sans compter depuis son arrivée et pourtant certaines choses l’embêtaient. Comme ces personnes qui passaient sans même un bonjour alors qu’il était là, lisant le journal du coin. Mais ce n’était rien comparé à ce qui allait se passer dans les minutes à venir.

Une serveuse passait avec un plateau plein près du client alors que celui-ci était trop occupé pour lever son nez vers le magnifique postérieur de cette dernière. Elle sembla trébucher et renversa du café brûlant sur la chemise bleue et le pantalon blanc du trafiquant. Ce dernier fit un bon assez mémorable avant de se mettre à hurler, furieux.

« Non mais vous ne pouvez pas faire attention ! C’est brûlant ! Où est le patron ? »

Ca… C’était ce que supportait le moins Nathanaël. Ce n’était pas pour la perte de ses vêtements mais plutôt que le liquide était brûlant, d’ailleurs il retira sa chemise rapidement, sa peau étant déjà rouge. Mais c’était surtout la maladresse. Ses employés n’avaient pas le droit d’être si maladroits et il pensait que c’était partout pareil.

Bien que détestant faire de l’esclandre, il ne pouvait s’empêcher de crier. L’homme détestait vraiment les incapables et il était d’ailleurs intransigeant avec ses employés. Et tous les patrons se devaient de faire la même chose selon lui. Il observa le nouveau venu tiré à quatre épingles avec un léger soupire. Il posa sur la table le vestige de sa chemise tâchée d’un liquide très chaud. Ses yeux se portèrent finalement sur le patron qui venait de s’excuser pour une erreur de son employée. Nathanaël devait bien reconnaître que malgré tout, il n’arrivait pas à s’énerver par une chose aussi futile depuis son arrivée ici. Son fric et l’homme qui le détenait étaient deux sujets qui l’emportaient d’avantage sur son échelle de la colère.

« Ce n’est pas la peine pour le repas, je paye toujours mes dettes. Mais j’espère que votre serveuse ne m’approchera plus un seul instant. Je n’ai pas envie de risquer ma vie alors que je vis ici depuis quelques temps maintenant. »

Il se contenta de passer la main dans ses cheveux épargnés par la maladresse de la jeune femme. L’homme, toujours torse nu, la peau rougie par la chaleur, il se rendit compte que pas mal de monde les observaient.

« Auriez-vous une chemise à me prêter ? Je n’ai pas le temps d’aller me changer dans ma chambre, un rendez-vous m’attend et le reste de mes vêtements habillés sont au pressing. »

Il s’était adressé au chef d’établissement, ce dernier lui devait bien cela après tout. Et, être le centre d’attention des clients n’étaient pas au goût de Nathanaël. Surtout pour une chose aussi idiote que s’être fait renversé du café dessus, un peu de classe que diable.