Je suis dans la rue, devant ce qui est désormais mon ancienne maison, assise sur une valise entourée de toute ma vie. Les cartons empilés les uns sur les autres n’attendent que le déménageur pour découvrir tout comme moi leur nouveau lieu de vie, Sidebay. Je me lève et fait demi tour. J’observe une dernière fois cette vieille maison dans laquelle je vivais depuis déjà trois ans. Faut être honnête, elle paye pas de mine de l'extérieur et j’ai pas vécu que de belles choses ici, mais cette maison à une place particulière dans ma vie. Je me rappelle soudain quelques moment importants que j’ai vécu dans cette maison.
Il y a 3 ans - Je suis tranquillement assise dans une chaise que j’ai pu extraire à l’ouverture du camion de déménagement, mon panama vissé sur la tête, une bouteille de soda frais dans une main. Je regarde Simon poser les derniers cartons dans la maison qu’on vient d’acquérir. « Ca va c’était pas trop dur mademoiselle » Me dit-il en me regardant. Je secoue la tête de haut en bas, un sourire malicieux sur mon visage. « C’est éreintant, même. » En quelques enjambés, il arrive à ma hauteur, prends ma bouteille et la pose sur le sol. En l’espace d’un instant je passe de la chaise à son épaule. Je suis en sac à patate et je me met à rire sans trop savoir comment m’arrêter. « Tu vas voir je vais te transformer en petite esclave. Tu vas me ranger tous ces cartons. » Finit-il par lancer quand on entre dans notre maison. Il finit par me poser par terre. Je rigole toujours, je regarde autour alors qu’il ne regarde que moi. La maison est remplie de carton, mais c’est chez nous, c’est cosy. Je me tourne vers lui. « Merci pour tout ça. » Je dis finalement. J’aime la façon dont il me regarde. Je me sens différente dans ces moments là. Ça va faire six ans que je me sens différente. Simon je l’ai rencontré au lycée alors qu’on était dans la même classe. Entre nous les choses se sont faites rapidement, c’était une évidence. On s’est jamais quitté. Quand il m’a demandé d'emménager avec lui il y a quelques mois, j’étais obligée d’accepter. En fait, il me tarder de commencer une vraie vie avec lui.
Il y a 2 ans - Aujourd’hui c’était ma quatrième journée de cours en tant que prof titulaire. C’est donc épuisée que je rentre chez moi. Derrière le volent de ma petite voiture verte, je suis pressée de revoir mon homme et de pouvoir dormir tout contre lui. Il est assez tard, je suis restée bosser mes cours du lendemain un peu plus tard. Je veux être parfaitement au point pour mes élèves. La seule chose qu’ils doivent faire, c’est réussir. Et demain les choses commençaient vraiment, fini la paperasse de rentrée scolaire. Je me gare devant chez moi, sort de ma voiture. Je vois une masse étendue en haut des marches. Je me précipite, je vois du sang, beaucoup de sang, je suis terrifiée. Quand je vois enfin un corps se dessiner clairement devant moi, je me met à trembler de tout mon être. Simon. Mon cris résonne dans le silence à glacer mon propre sang. J’ai pas vraiment le temps de réaliser ce qui se passe, la police est déjà là à me relever, je suis assise dans mon salon, les mains rouge de sang. On me racontera plus tard que j’ai essayé de le réanimer, sans succès. J’ai aucun souvenir de ce moment. La seule chose dont je me souvient, c’est du corps de celui que j’aime étendue par terre. Il avait l’air mort, son corps était couvert de sang, j’aurais jamais pensé qu’on pouvait avoir autant de sang. Après c’est le trou noir. Je me retrouve seule.
Il y a 1 an - Quand m’a soeur m’a proposé de changer de vie, d’oublier tout ce que j’ai vécu à Alberta et de me reconstruire à Sidebay, j’ai tout de suite dit oui. C’est comme ça que je me suis retrouvée ici, à vivre avec mon aînée et mon chien. J’ai alors commencé des recherches sur la mythologie régionales, c’est sans doute la raison pour laquelle je passe mes week-end dans la bibliothèques. Au moins quand je suis dans mes bouquins je ne regarde plus en arrière, enfin disons que je ne regarde plus en arrière de la même façon.