Encore une soirée que j'allais passer seule, devant la télévision ou un jeu vidéo. Bailey était partis je ne savais où, encore une fois. Cette soirée, j'allais la passer seule, à tenter de m'occuper l'esprit tout en étant incapable de ne pas penser à lui. J'avais toujours peur de le laisser seul, c'était un vrai enfant, il fallait toujours quelqu'un pour le surveiller. Et encore, même avec quelqu'un pour veiller sur lui, il réussissait à obtenir tout ce qu'il voulait : sa drogue, ses cigarettes, son alcool. Parfois je me demandait ce que je faisais encore avec lui. Puis je me souvenais de la réponse. Quoiqu'il fasse, c'était de lui dont j'étais amoureuse, alors j'étais prête à tout endurer pour être avec lui, afin de pouvoir partager les bons moments.
Je me levais du canapé pour me préparer à aller me mettre au lit. Il était 23h. Je pris une douche rapide, me brossai les dents, mis ma crème de nuit et partis dans ma chambre enfiler une nuisette, noire à dentelles. Puis je remarquai une enveloppe sur le lit, avec mon nom inscrit dessus. Je l'attrapai, curieuse et surprise. J'eus un mauvais pressentiment dès les deux premières lignes.
Mon amour, Je t'ai aimé, je t'aime et je t'aimerai toujours.
C'était une lettre d'adieu.
J'aurai dû m'en rendre compte avant, et ne pas le laisser partir encore une fois. J'avais pourtant remarqué qu'il avait l'air encore plus mal que d'habitude. Je m'assis sur le bord du lit, soudainement mal. Je respirai calmement, retenant mes larmes. Je me levai, et retournai dans le salon, la lettre toujours à la main. Debout, je la lue une seconde fois, histoire de vérifier que je n'avais compris quelque chose de travers, avec l'espoir qu'il n'était pas parti tenter de se tuer.
On sonna à la porte, j'accouru, lettre toujours à la main et cœur serré, redoutant de voir la police à ma porte. J'ouvris et le vis, accompagné d'un inconnu.
Je commençai à pleurer.
Ann Lincoln
HABITANT DE SIDEBAY ▬
☇ RAGOTS : 129
Sam 26 Mar 2016 - 14:17
Ann Lincoln
.
...
Elisa & Carron
Carron n'était pas dans cette ville depuis très longtemps, il commençait tout juste à trouver ses marques en réalité et souvent, le soir venu, s'autorisait une petite balade là où son humeur le menait. Ce soir, ses jambes optaient pour les bords de mer, sur un petit ponton qu'il avait déjà remarqué avant et fort agréable pour flâner. C'est là qu'il avait trouvé ce garçon, en train de faire une énorme erreur. Ou plutôt, en plein dans cet instant avant l'acte, quand le doute est fugace mais présent, quand tout vous reviens en tête. « Réfléchi bien petit. C'est exactement le genre d'erreur que tu ne pourras pas réparer ensuite. »
C'est comme ça qu'il avait abordé ce garçon, et que la conversation s'était lancée ensuite. Il avait entendu qu'il ne pouvait pas comprendre, ce genre de choses que tout le monde sortait, et donc il s'était permis de raconter un peu de son histoire, avant d'ajouter : « Tu sais, la vie, c'est une pile de bonnes et de mauvaises choses. Concentre-toi sur les bonnes, tu peux les trouver partout, même dans les choses les plus insignifiantes comme une odeur dans l'air. »
Et finalement, avec du temps – alors que le froid commençait à se faire sortir pour l'archéologue – il avait obtenu l'adresse de ce garçon, afin de le ramener chez lui. Histoire qu'il ne lui vienne pas à l'idée de se jeter sous la première voiture venue. C'est donc tard dans cette nuit qu'il sonnait à une porte, espérant ne réveiller personne, pendant que le jeune homme fixait ses chaussures. Pire qu'un adolescent pris la main dans la sac par son père... enfin... la porte finissait par s'ouvrir tout de même et, malgré la situation, Carron tentait de se montrer aussi neutre que possible, et de ne pas prononcer les mots qui fâchent, comme 'suicide'.
« Bonsoir mademoiselle. Pardonnez l'heure tardive mais j'ai trouvé ce garçon en ville. Il semble qu'il ait un peu trop bu et se soit perdu. Je me suis permis de le fouiller pour trouver son adresse. »
« Bonsoir mademoiselle. Pardonnez l'heure tardive mais j'ai trouvé ce garçon en ville. Il semble qu'il ait un peu trop bu et se soit perdu. Je me suis permis de le fouiller pour trouver son adresse. » Parce qu'en plus il avait trop bu ? Il les accumulait, ma parole. Je soupirai longuement, m'efforçant de me calmer. Il abusait. Je n'allais plus pouvoir tenir à ce rythme-là. Merci. Merci infiniment., remerciai-je l'inconnu, en essuyant mes larmes du revers de ma main. Je partis chercher un gilet sur le canapé, histoire de ne pas rester en nuisette devant l'inconnu.
Je tendis la lettre à Bailey. C'est quoi ça, hein ? T'as voulu te foutre en l'air encore une fois? Il releva à peine les yeux. À son regard, je constatai qu'en effet il avait bu. Il semblait avoir été raisonnable mais tout de même. Je soupirai à nouveau. Rentrez, il fait froid, à cette heure. On sera mieux à l'intérieur pour que vous m'expliquiez ce qu'il s'est passé.