Te revoir... Quelle joie ! [Alicia]

Alicia C. Birdman avait rendez-vous chez le médecin. Elle se présenta à l'accueil pour confirmer sa présence. Elle craignait déjà l'attente car elle connaissait bien la réputation de son docteur. La secrétaire lui demanda de patienter. Il y avait un peu de monde. La jeune femme s'impatientait alors qu'elle n'avait pas encore franchi le seuil de l'entrée. Elle venait à cause d'un nouveau problème, elle ne dormait plus. De coutume, elle se privait d'aller chez le médecin afin de ne pas évoquer ses soucis avec la boisson même si c'était inévitable. Son doc ne la lâchait pas. Or, ne pas dormir la poussait à boire plus. Elle sentait le danger donc l'urgence restait de mise. Alicia ne pouvait pas annuler ce rendez-vous. Plongée dans ses pensées, elle sursauta à l'approche d'une ancienne amie. Cette dernière n'arrêtait pas de parler. Sa joie des retrouvailles était palpable. Birdman ne reconnaissait pas la voix de la jeune femme mais en la visualisant, impossible de se tromber : Abigaïl Jenkins. La brunette semblait malade. Elle possédait le teint pale et des petits yeux. Stroumphette, un vieux surnom qui faisait remonter des souvenirs.

Salut Abi ! Oui, c'est bien moi. Elle la prit dans ses bras. T'as pas l'air en forme ! Tu deviens quoi la petite ? Plus jeune, Alicia s'amusait toujours d'être la plus âgée. Les interrogations fusaient. Les gens les regardaient. Viens, asseyons-nous plus loin, de toute façon le doc est tout le temps en retard. Elle souriait, encore un élément qu'elles partageaient en commun malgré l'éloignement. Et toi, t'es revenue ici ? Pourquoi ? La curiosité l'emportait.
   

A l'entente du "ouf" de son interlocutrice, Alicia comprenait qu'elle la sauvait d'un ennui certain, c'était réciproque. Puis la joie de revoir une ancienne amie planait. Entre "Schroumphette" et "la petite", la bonne entente régnait. Birdman avait capté la faible santé de la brunette. Les signes ne trompaient pas. La belle Abi se confiait sur son quotidien. Elle vivait chez un frère qu'elle n'appréciait pas vraiment dans une ville qui lui rappelait de mauvais souvenirs pour les études et la vie de jeune apparemment, elle s'était peut-être fourvoyée dans ses choix. Elle aurait très bien pu poursuivre ses études dans son ancienne ville. Qu'est-ce qui la ramenait à Sidebay ? En tout cas, la pizzaiolo ne s'en plaignait pas. La réponse arriva rapidement : les fréquentations. Jenkins s'était laissée influencer ?

Je le vois, tu as une petite mine la petite, elle riait avec son interlocutrice. La belle vie en somme, rien à penser ! Ton frère va bien ? Elle marqua une légère pause. Pas d'attaches, pas de problèmes. Moi, je reste pizzaiolo depuis dix ans maintenant : je confectionne, sers en salle et livre les pizzas. Je vis seule dans la maison familiale que mon père m'a donné. Ma soeur est revenue par ici, je la vois un peu. Elles s'installèrent plus loin. Tu l'as dit, il est toujours en retard ! Elle continuait : des mauvaises fréquentations, toi ? Que s'est-il passé ? J'espère que tu n'as pas eu de gros ennuis, s'inquiéta-t-elle.  

Alicia C. Birdman compatissait pour son amie qui possédait de mauvais symptômes, elle était malade. La blancheur de son teint demeurait anormale. Elle se mouchait, son nez restait rougeâtre. La pauvre avait soit un gros rhume, soit un état grippal. Elle tremblait un peu. Cela devait être la fièvre. L'état de la belle attristait réellement Birdman. Cette dernière ne gérait pas les mêmes problèmes. Intérieurs, moraux, ils ne se voyaient pas à l'oeil nu. Les deux jeunes femmes se retrouvaient, elles évoquaient les nouvelles. L'ambiance était détendue. Elles avaient un beau vécu ensemble, il datait certes, mais il restait gravé dans les mémoires d'Abi et Al'.

Tu as de la chance. Pour ton frère, je le verrai c'est mieux. Elle souriait. Elle imaginait la vie de son interlocutrice : études, squattage chez le frère, rien à penser. C'était beau la jeunesse ! Mon patron est un ami maintenant. J'aime bien ce job, c'est pas prise de tête. Je ne me vois pas patronne, les responsabilités ne m'intéressent pas. Elle ne cachait rien à Jenkins. Pas d'attaches non. Papa est parti faire le tour du monde. Avec ma sœur, ça n'a jamais été le grand amour même si on se rattrape. Et je suis veuve depuis peu donc la vie est tranquille pour moi, rien à penser également. Brute, Alicia se livrait sans détours. Le doc, c'est jamais marrant. Elle réalisait une fois de plus l'état de Abigaïl, elle n'aimait pas cela: elle était toute mignonne et le mauvais sort venait la frapper. Alicia aurait tout donné pour prendre les contraintes du quotidien de cette petite qu'elle adorait tant. Ils ne t'ont pas suivi au moins ? T'as pas eu de bol, ils trempaient dans des trucs louches ? Personne t'a aidé, cela me donne du chagrin. C'est facile d'être influençable, ne refais pas les mêmes erreurs la petite. Elle la prit dans ses bras, très inquiètte.  

Alicia C. Birdman ne pensait pas compter autant pour le frère d'Abigaïl. Elle ne dissimulait pas sa surprise, son visage restait expressif. Elle voulait le revoir également, vivre dans la même ville et s'éviter : une drôle d'idée ! Il fallait pallier à cela. Plaisait-elle réellement au jeune homme ? Mystère et boule de gomme. Les impressions de ce dernier avaient certainement changé depuis... . Nous sommes bêtes, nous étions bons amis. Nous vivons à côté, et nous nous donnons aucunes nouvelles. Les choses vont changer. En plus, maintenant que tu vis là-bas, je te verrai facilement. J'aurai mes deux compères de l'époque. T'en penses quoi ? Elle poursuivit : C'est bien de vivre auprès d'un point de repère. Cela va te servir pour éviter que tu te perdes encore. Alicia avait confié se complaire dans sa situation actuelle, elle ne désirait absolument pas évoluer dans son boulot. Ainsi, elle possédait aucunes responsabilités, c'était voulu. Je t'offrirai ton repas. Jenkins semblait en accord avec les choix de son amie, il s'agissait d'un instant plaisant : pas de jugements. Nous nous sommes éloignées un temps, nous venons de renouer le contact. Ensuite, Abi exprimait son étonnement quant au décès de Connor. Tu as le droit de montrer ta surprise, je ne t'en veux pas, je te remercie. Cela fait six mois, Connor a vécu un sale accident de voiture : un type essayait de fuir les flics et... et sa voiture a rencontré sévèrement celle de Connor. Je ne peux pas imaginer comment il s'est senti au moment de sa mort. Je vis avec. Elle choisit de sourire afin de sortir de la tristesse. Jenkins se confiait à son tour. C'est du passé, je ne vais pas te jeter la pierre. Maintenant que tu es lancée, je veux savoir, cela compte pour moi. Je ne doute pas de l'effacement de cette partie de ta vie mais j'ai peur que tu refasses les mêmes choix. Donc, n'hésites pas à te confier à maman. Elle osait le clin d'oeil, le but était d'accentuer une forme de complicité, et de rendre plus à l'aise sa camarade.   

Abigaïl Jenkins avait retrouvé un environnement sain. Elle vivait chez son frère, un bon point de repère, un être protecteur et aimant. Elle suivait ses études pour devenir quelqu'un dans la société. Elle avait su dire "merde" au passé. Franchement, les efforts de la belle brune restaient à applaudir. Alicia demeurait fière de sa jeune amie. Comment avait-elle fait pour avancer de la sorte ? L'avait-on aidé ? Sinon, elle représentait une personne forte qui pouvait être satisfaite de ses faits et gestes !

Ton frère est là et je serai présente aussi. Tu n'es plus seule. En évoquant le travail de Birdman, Jenkins pensait y faire un tour. La pizzaiolo proposait de lui offrir son repas. Abi semblait ravie, elle remerciait son interlocutrice. De rien, avec plaisir, je peux me le permettre ! Puis mes amis sont les amis de mon patron, il sera content de te rencontrer lui aussi. Parler de la mort de Connor n'était pas chose facile mais il s'agissait d'une bonne chose pour Alicia que celle de se lancer et de se livrer par rapport à cela. Je n'ai pas besoin d'aide, ça va. C'était soudain... Mais je ne l'oublie pas. Al' restait rongée par des soucis avec la boisson, cela qualifiait son secret. Enfin, elle en revinrent aux problèmes de Abi avec ses anciens amis. L'atmosphère se détendit d'un coup. Tu ne veux pas m'en dire plus ? Alicia jouait la carte de la curiosité, Abigaïl venait de titiller son envie de savoir.

Petit à petit, la belle Abi se dévoilait. Elle n'appréciait pas tant que cela son frère. Pourquoi ? Ils n'avaient jamais eu de réels accrochages dans les souvenirs de Alicia. Jenkins ne possédait pas le choix de vivre ou non chez lui. Heureusement qu'il était présent pour elle, la brunette s'en rendrait compte bien assez tôt. Au mois, elle n'était pas seule. Sa façon de penser avait souvent l'air de lui porter préjudice, elle restait encore jeune.

C'est quoi son monde ? Qu'est-ce qui te dérange chez lui ? Il reste ton frère. Il ne te laisse pas tomber, tu devrais lui donner une chance. Birdman comprenait mieux. Il était plus droit qu'elle et il avait tendance à tout prendre à coeur. Cela ne ferait pas de mal à Abi qui se mettait facilement dans le pétrin. Je vois, c'est exclusif comme relation : il veut tout contrôler. A mon avis, il souhaite bien faire mais il s'y prend mal. Tu lui en as déjà parlé ? Au moins, tu conserves un bon point de repère. Les deux femmes se délivraient de certains poids. Il est âgé maintenant, sympa, cool, marrant et très attentif. La suite la fit sourire. Merci, tout va bien. Abi refusait de se livrer sur son passé, il s'agissait de son choix. Attention que cela ne se reproduise pas. Il faut te préserver. Alicia préférait la mettre en garde, elle la sentait volage sur certains points.

Alicia C. Birdman restait très surprise par les aveux de son interlocutrice. Abigaïl Jenkins avouait détester son frangin. Pourtant, elle vivait chez lui. Il la soutenait et l'aimait comme un frère. Abi ne cachait pas la vrai personnalité de son frère, celle qui la dérangeait justement, il était possessif et abusif. S'agissait-il d'un comportement dangereux ? S'emportait-elle pour rien ? Ils avaient des choses à régler.

Si le changement est trop rude, il faut le lui dire. Il ne faut pas que ce comportement gâche tout entre vous, cela serait dommage.

Al' sentait que la belle brune culpabilisait. Elle n'avait pas à le faire, elle possédait ses propres pensées : son frangin devrait l'accepter. En grandissant, elle changerait certainement son fusil d'épaule. Abi ne se refusait pas à écouter les conseils de son amie.

C'est mieux pour votre équilibre, la famille c'est tout ce qu'il y a de plus important. Tu as de la chance d'avoir un vrai point de repère, toujours présent pour toi, dis-lui juste qu'il doit lâcher du leste afin de te laisser respirer de temps en temps. Il t'aime, c'est certain. C'est cool que tu comprennes l'importance de tout cela. Elle poursuivit : ce n'est pas cela, tu as le droit d'avoir ta propre opinion, la revoir et la reconsidérer fait de toi quelqu'un de mature. Tu comprends ? Parfois, on se trompe. Tu me diras comment cette histoire évolue, si t'as besoin je suis là. La suite la fit sourire : merci t'es gentille, je ne me considère pas comme un exemple. Je ne me laisse pas déborder et je fais selon me capacités, ce boulot est simple donc fait pour moi. Elle acquiesça concernant son non besoin d'aide. Merci. Elle évoluait doucement depuis la mort de Connor. Elle n'osait pas en dire plus, les dires de la brunette la faisait déjà assez rougir. Elle vivait avec, c'était tout, son addiction pourrissait son côté bienveillant. Elle essayait d'avancer, elle croyait à ses paroles. Entre temps, Alicia espérait qu'Abi entende ses conseils. Il fallait évoluer et ne plus se laisser avoir par des brigands, Birdman ne la lâcherait pas.